Trois p'tits tours et puis s'en vont

Il est des jours où l'on se dit que rien ne va comme on le souhaiterait. Certains disent que dès qu'une tuile vous tombe dessus, tout le toit ne va pas tarder à s'écrouler sur votre tronche.
Eh bien parfois... Bien souvent même, c'est vrai!

Lodève. Ah ça ils ont mis du temps à y arriver. C'est rien de le dire! Mais ils y sont quand même parvenus. Comme quoi, avec de la persévérance, on arrive toujours à tout. Suffit de le vouloir très fort. Mis de côté les aléas des voyages, on avance toujours la tête droite, jusqu'à arriver au but voulu.

Sur le chemin, une brunette qui s'ennuie. Oh pas du voyage et de la compagnie de son blond, non, mais d'action. Trop longtemps qu'elle restée inactive, la voleuse. Et la retraite, c'est pas encore pour maintenant. Elle est bien trop jeune d'ailleurs.

Une fois les pieds mis dans le village d'enfance du blond, la brunette cherche à lier connaissance. Une maquerelle de rencontrée, et contrairement à ce qu'aurait pensée la jeune fille, celle-ci lui a fait bonne impression. Première rencontre, agréable. Ca aide à aimer le bled. Mais encore faut-il que le reste des habitants soient aussi intéressants que cette femme.
Eh bien... Bof. Mais mieux que beaucoup d'endroits où la voleuse a mis les pieds. Endroit calme, c'est peu de le dire, mais certaines personnes valent le coup d'être connues.
Alors la brunette, elle veut rester. Oh pas pour toujours, non ça c'est impossible. Mais un petit peu. Et puis le blond a l'air d'être heureux d'avoir retrouvé ses origines, ce qui aide grandement la brigande retraitée à apprécier cet endroit.

Oui mais voilà. L'action lui démange toujours les entrailles.

Armaaaaand... On peut aller chasseeeeer???

Et voilà une Adye qui un soir, à la lueur tamisée des chandelles d'un bordel (dans lequel elle a cherché pendant des heures le libertin donnant son nom à l'établissement, mais ça c'est une autre histoire) demande à son compagnon de respecter sa parole donnée sur la route.

Tu m'avais promiiiiiiiis...

Voix mielleuse au possible, essayant de convaincre par tous les moyens le blondinet de tenir sa promesse.
Promesse qu'il s'empresse de respecter. Le lendemain, ils iraient sur le nœud entre Millau et Lodève, afin de s'adonner à l'un des passes-temps favoris de la jeune fille.

Vous vous souvenez amis lecteurs, je vous parlais en début de ce texte que rien ne se passe comme on le souhaiterait. Eh bien voilà, Adye y a droit.

Toujours dans la même taverne, le libertin oublié depuis longtemps, le couple met au point leur départ. Le temps de préparer leurs bagages, pas grand chose à prendre après tout, de récupérer les chevaux, et les voilà prêts.

Mais alors qu'ils s'apprêtent à quitter la taverne, un homme entre, et semble visiblement connaître Armand. Une ancienne connaissance d'après ce qu'elle comprend.

Vas-y devant, je te rejoins, il faut que je lui parle. lui annonce le blond avec un petit sourire d'excuse.

La brunette hausse les épaules et quitte donc la taverne, seule. Elle mène Nuit, sa jument à la robe aussi noire que sa chevelure, jusqu'aux portes de la ville, et attend.

Et attend...

Et attend...

Ayé, elle en a marre. Il lui semble qu'elle est devant ces fichues portes depuis des heures! Eh bien tant pis! Il la retrouvera sur les chemins, elle va pas poireauter plus longtemps
Et la voilà qui talonne la jument qui, aussi impatiente que sa cavalière, se met à partir au grand galop, ivre de la vitesse qu'elle n'a pas pu connaître depuis un sacré bout de temps!

J'te rejoins, j'te r'joins... grommelle la brunette en serrant les rênes de sa monture, répétant les mots de son blond. Il a m'le payer, ça j'le jure...

Et voilà une idée qui germe dans l'esprit de la voleuse. Elle voulait de l'action, elle va en avoir! Et c'est le blond qui va en payer les frais! Elle va le brigander! Il n'aura que c'qu'il mérite!

Voilà pourquoi quelques temps plus tard, on voit une Adye prête à sauter sur le premier quidam venu, pour peu qu'il soit blond. Mais la nuit n'aidant pas, et vu la chance légendaire de la donzelle, ce n'est pas la bonne cible qu'elle attaque... Eh oui, elle deviendrait miro la jeunette...

Hey! Mais v'zêtes pas Armand vous! fait-elle à deux doigts de flanquer son poing dans le ventre de sa potentielle victime.

En effet, cette personne n'est pas Armand, et lui flanque une sacrée rouste. La brunette sur retrouve sur les fesses, l'égo dans les bottes, la joue bleuie.

Mouais bon ça va, zétiez pas obligé d'me foutre une branlée, fichez l'camps, toute façon zétiez pas çui qu'j'voulais avoir...

Reprenant le peu de fierté qui lui restait, elle prit ses clic et ses clacs et retrouva sa jument qu'elle avait laissé un peu plus loin.

Dès qu'il s'pointe, il entendra parler du pays...

[Un matin à Lodève, où comment se rentre compte qu’on est un pochtron]

Encore un nouveau jour de p'tit matin brumeux et froid où l'Albert s'en allait ouvrir sa taverne. Celui-ci avait une carrure d'armoire Normande, et une pogne de buch'ron, mais c'est la chopine qu'il empoignait le mieux... et l'colbac des soulards qui l'cherchaient de trop, lui ou ses serveuses. C'matin là, donc, où sa respiration s'échappait en volutes de fumée, lui rapp'lant que, vindiou, il avait pas encore fumé sa pipe, l'Albert arriva devant la porte d'son troquet...et les yeux encore pas bien grand ouverts, s'rappellaient pas avoir mit un paillasson sur l'pas d'l'huis.... n'empêche que le paillasson en question ronflait bien trop pour être honnête... Grommelant tout ce qu'il savait, l'Albert alla tâter le rebus du pied et le réveiller de sa voix de centaure.

Dis vindieu, du balais ou ça s'ra l'baton !

Il fallut un bon bout de temps au blond couché devant la taverne lodévoise, les pieds dans le caniveau pour émerger des bras de Morphée et comprendre qu’on lui parlait. "gné... humm ?... Dormir" fut sa seule réponse alors qu'il changeait de position pour adopter une posture plus propice à son sommeil alcoolique.

Mais l'Albert l'était pas du genre patient... mais alors là pas du tout... autant qu'un breton est dégourdi s'pour dire. L'armoire se plia alors en deux, attrapa le... comment dire... la serpillère à vinasse par le colbac et le releva en l'air en le secouant «gentiment ».

Dis voir tu m'causes meilleur, avorton...

« Doucement, doucement enfin ! » mais que lui voulait c’est abruti ? Et pourquoi qu’il criait autant celui-là ! A moitié debout porté par le tavernier, Armand se mit alors à grogner tout en essayant de se soustraire à la voix stridente du tavernier en portant ses mains à ses oreilles. Dormir, voilà bien la seule chose à laquelle il aspirait et il n’avait pas vraiment envie d’être dérangé.

« Fermez là ! Dormir… » Finit-il par balbutier sans avoir encore ouvert les yeux.

L'Albert lui, n'aimait pas le matin... mais c'qu'il aimait encore moins c'était les saoulards boulets... alors il envoya le torchon imbibé de calva à côté de la porte et y tourna la clef... entra dans le troquet et alla rallumer la brasier et mettre du petit bois puis... Il s'empara du seau d'eau sale, s'en alla de sa démarche bonhomme vers la sortie déverser son contenu douteux sur le déchet qui se trouvait toujours sur le pas de la porte. Pour le coup voilà le blond qui se réveilla et en sursaut qui plus est portant un regard pour le moins hagard sur le tavernier, grimaçant de l'odeur qui venait lui chatouiller les narines. Mais qu'est ce qu'il foutait là? Et ce mal de crâne... Réveil difficile pour le blond qui tenta de reconstituer le fil de sa soirée. Adye – la taverne- le départ- François… Le départ ??? Soudain le blond qui se releva chancelant, manquant de se retrouver les quatre fers en l'air et demanda au tavernier : Mon brave... j'suis où? s'rait l'matin là?

L'est l'matin et t'es d'vant ma taverne, gamin... fit l’Albert avant de refermer la porte bruyamment. Dur retour à la réalité et pour le blond le pire restait à venir… fallait maintenant aller retrouver l’Adye.


[Derrière tout bon pochtron se cache une donzelle]

Rentré chez lui par on ne sait par quel miracle, voilà qu’après un bain pour le moins nécessaire et une tenue de rechange trouvé avec grâce, le blond accorda une petite sieste bien méritée de son propre avis. Il était très en retard certes, mais pas question de paraitre fatigué, question de standing voyez-vous, c’est qu’il avait une réputation à tenir le jeune bougre. Et puis, qu’il n’était pas vraiment pressé de retrouver sa belle qui, de toute évidence était partie seule sur les chemins. Il n’avait en effet aucun mal à imaginer la fureur de cette dernière aussi, elle pouvait bien attendre quelques heures de plus cela n’allait rien changer à l’engeulade qu’il allait se prendre.

C’est donc après une bonne sieste qui eue pour effet de chasser l’horrible mal de crâne qui l’avait assommé que le jeune homme s’en alla chercher Euzède. Le temps semblait s’être adoucit, aussi, durant les quelques heures qui devaient le mener de Lodève à leur point de ralliement découvert plus tôt et situé à une vingtaine de lieux de là, Armand se permit de flâner en route. Est-ce n’est qu’en fin d’après-midi qu’il arriva enfin après de sa belle adoptant une attitude aussi innocente que prétentieuse, arborant un sourire des plus charmeurs.

Mains dans les poches et brindille au bord des lèvres, il détailla sa belle et les quelques blessures qu’elle s’était faite durant la nuit. Un sourire moqueur se dessina alors sur son visage et plutôt que de lui demander ce qui s’était passé, nuit qu’il n’eut aucun mal à imaginer, le jeune con se contenta de lui lancer : Et bien bella, on dirait que tu as encore fait des folies de ton corps cette nuit….


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*Première partie co-écrit avec LJD Cerridween (Albert)

[Pendant ce temps quelque part en Provence, là où tous les ramiers vous trouvent on ne sait pas comment ... Part one]

Il y a des jours comme ça où on aimerait que tout soit différent et ce jour là en est un. La matinée se profile pourtant bien, une journée ordinaire dans le camp de la Memento. Quelques jours de repos dans la ville d'Arles, Arles la Franche, ville normalement éloignée de tout, camp retranché où la belle peut enfin espérer être en paix avant le combat, le vrai cette fois-ci qui se profile à l'horizon.
Mais c'était sans compter sur les supers ramiers, ceux qui vous retrouvent mais dans les endroits les plus improbables, ceux qui arrivent à passer malgré tout, on ne sait comment alors que le manque de viande se fait sentir et que quand un beau pigeon se pointe, on ne pense pas courrier mais plutôt manger ...

Et bien en voilà un de cela, un magnifique ramier qui arrive un tantinet épuisé. *il doit venir de loin celui-là ...*
Elle décroche le vélin accroché à sa patte et le décachète, juste un rond de cire banal sans aucun signe distinctif qui aurait pu lui mettre la puce à l'oreille. Pour elle ce n'est qu'un banal courrier comme un autre. En tout cas elle aurait aimé que cela soit le cas ...
Une écriture inconnue, mais le premier mot la fait tiquer, doucement le regard glisse sur le vélin sans lire, juste aller jusqu'en bas pour voir si son pressentiment est le bon, voir la signature apposée ...
Un léger frémissement la fait tressaillir et un sourcil interrogateur se hausse. Pourquoi ? Pourquoi lui écrire à elle ? Comment pourrait-il savoir ... Impossible ... Les pensées se bousculent à vitesse grand V dans son esprit. Il ne peut pas savoir, c'est impossible, personne ne sait où elle est, enfin si quelques unes, mais pas pourquoi elle y est ... Et puis elle doute que cela lui soit revenu aux oreilles. Quoique ...
Que lui veut-il ? Pourquoi elle et pourquoi maintenant ?

Elle prend le temps de s'asseoir, la missive dans la main, elle prend une grande inspiration et se met à lire.

Citation :

Hola !

Je ne sais pas où tu te trouves, je ne sais pas ce que tu fais et je ne sais même pas si tu es au courant de ce qui se trame en ce moment... Alors pour une fois, je prends la plume.
Les choses boutent dans le Sud et ailleurs. Il y a peu, on parlait du temps des alliances, aujourd'hui, il semblerait qu'on parle d'un temps de guerre... Mais pas une guerre comme les autres, pas deux duchés qui s'affrontent pour une parcelle de terre, non. Aujourd'hui, ce sont deux compagnies mercenaires qui sont sur le point de s'affronter...

Namaycush, ou plutôt son cabot, Theognis, a fait l'erreur de demander ma tête. Mais surtout, le baron a choisi de soutenir cet homme tout en essayant de me dicter la conduite à tenir face à ça...
Un conflit semble inévitable, c'est pour quoi je vais te demander de me rejoindre. Ensemble nous montrerons à ce baron qu'il n'est rien pour nous imposer sa vision des choses...

Rejoins nous à Sémur, dès que possible. Il est l'heure de choisir ton camp : le sien ou le mien... Car sois en sûr, il te contactera aussi.

Ce choix est entre tes mains.
Eikorc de Nerra.

Un nouveau frisson qui cette fois lui glace le sang et ce mot "guerre" qui résonne à ses oreilles, mais rien à voir avec se qui se déroule en ce moment ici, elle le sait. Cette guerre là est d'une toute autre envergure.
Ses mains se crispent sur le vélin, elle a fait une promesse, elle s'y tiendra quoiqu'il lui en coûte.
Certes elle n'était pas d'accord avec la déclaration de Theo, elle le lui avait dit et d'ailleurs c'était sans doute la raison de son éloignement. Qu'importe elle resterait près de lui.
Elle relit une nouvelle fois le courrier, avant qu'elle ne le froisse de ses mains pour le jeter dans un des feux de camp tout proche.

Mon choix est déjà fait De Nerra ...

Elle ne répondra pas à ce courrier, car qui ne dit mot ne consent ... Elle le sait qu'il en tirera les conclusions nécessaires. Et puis ... A quoi bon lui écrire, il ne comprendrait pas ...
Puis elle reluquee le pigeon à ses côtés, une lueur sadique dans les yeux. Elle avait trouvé son déjeuner du jour ...

Entre Millau et Lodève... J'attendrai... ton retour...

Ah oui ça, pour attendre, elle l'attend. Il va se prendre la plus monumentale engueulade de sa vie! Enfin... la plus monumentale jusqu'à présent. Nan mais, lui poser un lapin et faire en sorte de ne pas arriver à temps pour se faire attaquer par elle! Et avec ça, elle se coltine maintenant un mal de crâne pas possible, et un coquard! Tout ça c'est sa faute! Si encore il était venu avec elle! Mais nan, plutôt que de tenir sa promesse, v'làt-y pas que j'préfère palabrer avec un ami, en laissant ma femme se les geler aux portes du village. P'tain, elle va l'étrangler, le trucider, et donner ses tripes à manger aux bêtes sauvages...
De mauvaise humeur la donzelle? Visiblement oui. En tout cas, elle va attendre un peu avant de se redonner à ses amours, c'est-à-dire les attaques sur les chemins. Attendre que ce foutu mal de crâne passe déjà.
Purée, mais pourquoi lui avoir donné un coup sur le visage aussi... Elle l'a même pas touché ce gars-là. Il aurait pu faire preuve d'un peu plus de respect envers une personne du sexe faible hein. Un galant homme ne touche jamais une femme! Même si elle s'apprête à lui retirer sa bourse!

Bon, faut avouer que sous le coup de la surprise, bah oui, elle s'attendait à voir Armand, elle a pendant quelques fractions de seconde baissé sa garde, et du coup sa victime en a profité pour protéger et sa carcasses et ses biens. Si elle n'avait pas eu ce moment de faiblesse, elle aurait quand même profité pour retirer à ce gus tout ce qu'il possédait. Et voilà, encore la faute d'Armand tout ça!

Petite clairière à l'abri des regards, un peu éloignée du chemin de passage. Endroit que le couple avait repéré en allant de Millau à Lodève, et qu'ils avaient décidé de faire leur endroit d'arrêt afin de soit se reposer, soit compter les écus qu'ils auraient amassé.
Si le blond daigne se montrer un jour, Adye est persuadée qu'il viendra ici. Donc, elle l'attend.

Elle l'attend...

Elle l'attend...

Elle en a marre de l'attendre...

J'vais l'tuer... J'vais l'tuer... marmonne sans arrêt la voleuse, grappe de raisin à la main. En plus ya pas un chat ici.

Faut dire, l'après-midi est sur le point de se terminer, et la brunette reste assise comme une conne, fulminant et maudissant son blond de toutes les manières possibles, s'imaginant les pires cruautés qu'elle pourrait lui faire subir. Oh, elle pourrait retourner à Lodève, mais elle n'a pas envie de rester sur une défaite. Alors plutôt que de repartir pour rerevenir, autant ne pas s'éloigner. Donc bah voilà, elle passe son temps comme elle le peut. Et alors qu'elle finissait son dernier raisin, des bruits de sabots martelant le sol lui font lever la tête.

Et bien bella, on dirait que tu as encore fait des folies de ton corps cette nuit…

Ni une ni deux, la brunette se lève pour se ruer sur le blond, et y mettant tout son coeur, lui colle son poing dans la figure. Vala, comme ça ils seront deux à être marqués!

Mais qu'est-ce tu foutais bon sang!*

Et puis même pas un mot d'excuse hein, pourquoi faire après tout...

Figures-toi qu'par ta faute, on a essayé d'm'attaquer, bah ouais, une femme seule... (un p'tit mensonge a jamais fait de mal à personne hein...) Qu'est-ce tu comptes faire pour t'faire pardonner?*²

Mensonge qui n'a pas vraiment l'effet voulu.

On a réussi à poser la main sur toi? Je pensais que tu étais plus forte que ça pourtant...

Et voilà la donzelle qui voit rouge. Alors non seulement il ne s'excuse pas, et en plus il se moque d'elle...

Parce que tu te crois meilleur que moi peut-être...

Ne pas l'étrangler, ne pas l'étrangler... Il peut encore lui servir... Ne pas l'étrangler...

Mais bien sûr.

Bah voyons. Eh bien on a qu'à voir ça, allons chacun d'not'côté, et demain, celui qui a fait la meilleure prise pourra railler l'autre.

Si ya une chose que la brunette ne supporte pas, c'est bien qu'on se croit supérieur à elle. On peut l'être, après tout elle n'est pas parfaite, mais qu'on ne s'en vante pas, surtout.

Donc voilà, concours de brigandage est lancé. Elle n'a même pas laissé au blond le temps de répondre, qu'elle est partie avec Nuit dans sa direction, à la recherche d'un endroit où elle aurait la chance de croiser quelqu'un qu'elle pourrait soulager de bien des écus.

Et elle recommence d'attendre... La nuit passe lentement, très lentement... trop lentement... A un tel point que la voleuse finit par s'endormir. Et au petit matin...

Rhaaaaaaah!! M'énerve!!!! Rien! Que dalle! Nada!! P'tain j'en ai marre!

Et pendant qu'elle houspille tant qu'elle le peut, Un pigeon se pose sur une branche.

PAF! Caput le pigeon... Et pendant qu'il cuit sur un petit feu fait à la va-vite, la donzelle prend connaissance du pli. Qui lui vaut un petit soupir. Va falloir rentrer. Bon ben, plus qu'à retrouver le blond... Faut juste qu'elle n'oublie pas qu'il doit rester en vie...

*En vrai elle est beaucoup moins polie que ça dans son langage, mais si le narrateur que je suis traduit mot à mot ce qu'elle dit, je me ferai censurer!

*² Toujours version adoucie

[Pendant ce temps quelque part en Provence, là où tous les ramiers vous trouvent on ne sait pas comment ... Part two]

Alors qu'elle est tranquillement entrain de faire rôtir son pigeon dodu, en voilà un autre qui vient se poser non loin. Plus chétif mais pas craintif, idéal pour le repas léger du soir ...
Elle le regarde avec un léger sourire carnassier et tend la main pour l'attraper.

Hmm t'es vraiment maigrelet, je vais soit de renvoyer, soit te garder et t'engraisser ... Tout dépend de qui t'envoie ...

La voilà qui se mettait à parler à un pigeon ...

Elle détache le pli accroché à sa patte et ouvre le vélin. Encore une écriture inconnue ... Décidément, y a des jours comme çà ... Coup d'oeil rapide à la signature et un fin sourire s'esquisse.

Citation :

Ma chère Cathy,

Cela fait plusieurs semaines maintenant que nos routes se sont quittées et j’ose espérer que la fin de ton périple vers la Provence c’est déroulé sans encombre. J’ai appris ces derniers jours que la région connaissait actuellement des temps plus que troublés et je tenais donc à t’écrire pour m’assurer qu’il ne t’était rien arrivé et prendre quelques nouvelles fraîches.

Pour être totalement franc, je t’écris aussi pour te dire que je quitte déjà le Languedoc. Une affaire urgente me réclame sur les maudites terres de Bourgogne et une promesse à respecter. Comme tu l’as surement appris par la gazette locale, des tensions importantes sont apparues entre la Memento Mori et la Zoko, suite aux propos honteux de ce cher Théognis d’Arquian. Je ne prétends pas pouvoir me mettre à la place d’Eikorc lorsqu’il a eu vent des propos de ce rat, mais je peux comprendre sans peine sa réaction. Aussi je me dois, non seulement en raison de mon serment mais également de ma conscience d’aller lui prêter main forte.

Je ne sais si nous aurons l’occasion de nous revoir, si nos routes se recroiseront un jour mais sache que je n’oublierais pas ce que tu as fait pour moi, ton aide et ta sollicitude. Sache aussi que tu pourras toujours compter sur moi si tu en as besoin.

Prends soin de toi,
Amicalement

Armand.

Mais le sourire s'efface en quelques lignes de lecture ... Comment ! Comment osait-il traiter Théognis de rat ! Cet homme dont elle partageait les nuits, cet homme auquel elle tenait plus que tout. Cet homme pour qui elle avait bien plus de sentiments qu'elle ne voulait se l'avouer ... L'homme qui avait une si grande place dans son coeur, mais dont elle ne resterait que l'amante. Peu importe ...
La colère gronde légèrement en elle, venin vicieux qui s'insinue déjà depuis quelques jours, elle doit se contenir ...
Une odeur de brûlé la sort de son introspection.

Merde ! Mon déjeuner !

Elle lâche, le vélin et se concentre sur l'appel de son estomac, la réponse attendra qu'elle soit repu. C'est une fois la bête bien décortiquée, chaque morceau de chair dégusté, chaque os sucé, qu'elle se pourlèche les doigts, méditant à la réponse qu'elle pourrait lui adresser.
Trouver un ton ferme, mais pas trop ... Faire en sorte qu'aucune réponse ne soit possible, sans pour autant tomber dans un ultimatum ... Pas évident vu le contexte et la situation ...

Rhaaa et pis zut ! Il prendra ça comme il voudra, c'est pas mon père !

Elle farfouille dans sa besace et en sort de quoi écrire. La plume gratte vivement le vélin, pas de pause, tout à chaud ... Pas même une relecture, cela la ferait cogiter de trop.

Citation :

Mon très cher Armand,

je suis ravie d'avoir de tes nouvelles. Sache tout d'abord que je vais bien, je suis arrivée sans encombres en Provence même si j'ai du la jouer fine pour éviter une rixe sur la route.

Maintenant pour être franche moi aussi, je dois te dire que je sais très bien ce qui se déroule actuellement puisque je fais partie des troupes de la Memento dans cette campagne de Provence. Pour le moment peu de combats, juste ceux qui ont précédés la prise d'Arles. Nous avons également combattu pour faire tomber Avignon, brûler et saccager la ville.
Tu dois te demander pour quelle obscure raison je me retrouver embringuée dans une telle histoire ? Et bien la raison en est très simple.
Je suis venue rejoindre Theognis, double Baron d'Arquian et de Seigneulay, celui-là même que tu traites de rat. Je suis venue rejoindre cet homme avec qui je partage mes nuits.

Je sais hélas, trop bien ce qui se trame et sache que je suis très en colère contre Theognis. Je sais et j'en ai l'intime conviction, que la Zoko n'a rien à voir avec tout cela. Mais, parce qu'il y a un mais. Mais malgré mes convictions, je dois, je me dois de tenir la promesse que je me suis faite, parce que je suis quelqu'un de droit qui va jusqu'au bout des choses. Je dois rester pour le protéger, je me le suis promis et je m'y tiendrai.

J'ai également reçue une lettre d'Eik, chose qui m'a bien surprise d'ailleurs. Mais je ne rejoindrai pas Sémur, je tiendrai ma parole. Oui je sais, je suis une entêtée et une bornée, mais que veux-tu, je suis ainsi. Toute cette histoire me fait grand peine car je me retrouve entre deux feux, mais la vie est ainsi faite.

Je te souhaite à toi et à Adye de faire bonne route vers Sémur. Peut-être nous reverrons nous un jour ... Mais je pense hélas, que cela ne sera pas dans les circonstances dont nous rêvions.
Malgré tout passe le bonjour à Adye, j'ai vraiment été ravie de vous avoir sur ma route à un moment de ma vie. Mais la roue tourne, nous ne sommes que des pions avec par moment des choix cornéliens à faire. La folie ou la raison, aujourd'hui je suis la voie qui me semble être celle de la raison, enfin de mon point de vue.

J'espère que tu me comprendras et que tu me pardonneras. Je sais que tu sais ce que c'est que de donner sa parole.
Qu'Aristote veille sur vous.

Cathy, perdue entre raison et folie.

Elle attend que l'encre sèche avant de plier sa missive, elle chope le ramier qu'elle a gavé de miettes de pain.

Aller, file ! Retour à l'envoyeur !

La bride de Nuit à la main, la brunette avance jusqu'au lieu de rendez-vous avec le blond, les pensées perdues dans de lointains souvenirs.
La Bourgogne... Faut-il vraiment qu'ils y remettent les pieds? Soutenir Eikorc, ou le frère de sa mère, oncle qu'elle n'a encore jamais vu... Le choix est vite fait. Elle apprécie le colosse et les mercenaires qui l'entourent, et puis, ce Theognis, elle n'a jamais vraiment su le cerner.
Oui mais... son frère n'avait-il pas dit qu'il comptait rejoindre leur oncle? Etait-il toujours avec lui? Que des questions auxquelles elle n'aurait réponse qu'en lui écrivant. Il était absolument hors de question qu'elle se retrouve face à lui sur le champs de bataille.

Retour au point de départ. Retrouvailles avec un blond, qui changent pour un moment les pensées de la voleuse. Le concours? Un fiasco. Bredouille, il l'est aussi. Chose qui semble le faire se marrer. Oui bon, elle s'est endormie au lieu de veiller, ça peut arriver à tout le monde nan... Regard, qui lancerait des lames d'acier s'il cela était possible, lancé sur le blond pour le faire taire -après tout il est pas mieux qu'elle- et la route est reprise. Toujours de mauvaise humeur, inquiète, et angoissée. A mesure que la distance jusqu'à Lodève s'amenuise, le cœur de brunette accélère dans sa poitrine. La Bourgogne... L'idée de retrouver ce duché lui étreint le cœur comme s'il passait dans un étau. De nouveau les images de la prison lui reviennent en mémoire, à chaque fois qu'elle ferme les yeux elle revoit cette cellule vide et sombre, où elle a connu l'une des pires souffrances de sa vie.

L'envie de ne pas y aller lui vient souvent en mémoire. Après tout, elle n'est pas de la Zoko, mais dès qu'elle s'en fait la remarque, elle se secoue la tête. Si elle n'est pas de ces mercenaires, ce n'est pas le cas d'Armand. Et il est impensable qu'il y aille seul. Et puis... Elle n'est pas du genre à laisser tomber des amis.

Tout n'est que silence autour des deux voleurs. Et sur la route qui mène jusqu'à Lodève, et dans la chambre où ils ont élu domicile pour le peu de temps qu'ils passent dans ce village du Languedoc. Chacun sait à quoi pense l'autre, mais aucun des deux ne semble vouloir rompre ce silence pesant. Pendant qu'Armand est assis sur le secrétaire, Adye se dirige vers le lit. Pas envie de sortir, pas envie de parler, envie de ne rien faire d'autre qu'oublier. Oublier que dans quelques jours ils retrouveront ce duché honni, dans lequel la jeune femme s'était promis de ne jamais remettre les pieds. Oublier la promesse qu'ils s'étaient faite, de passer quelques temps dans le calme de cette ville de Lodève, à ne se soucier que du lendemain. Oublier...
Elle ferme les yeux, tournée sur le côté droit, reposant sur le matelas confortable de la chambre. Elle n'a qu'à ouvrir les paupières pour regarder son blond, assis depuis longtemps à ce bureau. Faire semblant de dormir. Reporter à plus tard l'inévitable question...

Question que formule le blond peu de temps après. "Tu en penses quoi de tout ça?" Azurs qui réapparaissent, révélés par un rideau de cils noirs. Ce qu'elle en pense? Ont-ils vraiment le choix?

On a donné notre parole...

Voilà sa seule réponse. Il n'y a rien à redire à cela. L'un comme l'autre, ils ne sont pas de ceux qui font des promesses qu'ils n'ont pas l'intention de tenir. Sans compter qu'Armand est tenu par son serment d'y aller.

Après une courte discussion, Adye se lève. Son frère, elle doit lui écrire. S'assurer qu'il n'est pas du côté de Namay. Qu'il ne combat pas auprès de l'homme qui veut la tête du colosse. Hors de question qu'elle l'affronte.
Lui écrire, mais sans lui montrer l'inquiétude de retrouver la Bourgogne. Une lettre courte, mais qui va droit au but.

Citation :

Bonjour toi,

Ca fait longtemps qu'on s'est pas écrit, pour ne pas dire jamais.
Qu'est-ce tu deviens?
T'es parti rejoindre Namay?

Moi je suis à Lodève, un p'tit village bien calme du Languedoc, après avoir passé un sacré bout de temps avec la Zoko.

J'ai reçu un piaf de Eik nous demandant de venir le rejoindre pour combattre un homme de notre oncle. Dis-moi que tu combats pas auprès de lui...

Si c'est le cas, je vous rejoins et je te ramène par la peau des fesses là où tu seras en sécurité. Et pas là où tu pourrais te trouver face à moi sur le champs de bataille.

Si c'est pas le cas, tant mieux, mais donnes moi de tes nouvelles, ça me ferait plaisir.

Allez à bientôt

Adye

Voilà, comme ça c'est bien. Toute façon elle n'a jamais été douée pour la correspondance. Pli scellé et envoyé dans les airs. Puis une fois ceci fait, la brune se retourne vers son blond toujours assis, et le rejoint. Oubliée la rage qu'elle ressentait quelques heures plus tôt, oubliée même la querelle qu'elle avait engendrée. Les bras entourent le cou du jeune homme collant son corps contre son dos, et les lèvres viennent effleurer la joue.

Allez, souffle-t-elle, d'ici quelques semaines nous reviendrons, et nous pourrons alors faire c'que nous n'avons pas encore pu...

Furieux, voilà qui résumait bien l'état d'esprit d'Armand alors qu'il finissait de parcourir la lettre de Cathy reçue le matin même. S'en suivit alors une ribambelle de jurons et autre vocabulaire des plus colorés qui raisonnèrent dans toute la maisonnette. Puis soudain, la porte de la chambre s'ouvrit avec perte et fracas sur le blond d'humeur massacrante. Ce rat de Théognis... comme a t-elle pu! bougonna-t-il pour lui-même plus que pour la brune assise sur le lit, alors qu'il entrait dans la pièce chercher quelques affaires.

La brune, assise avec une certaine nonchalance, cessa alors de croquer dans son raisin pour poser sur lui un regard interrogateur et lâcha finalement un "Qu'est-ce qui t'arrive encore?" qui eut pour effet immédiat d'agacer encore d'avantage le jeune mercenaire. Encore? la reprit-il alors, colérique. C'est pas vraiment l'moment d'me chercher Adye... cet... ce... il ose la toucher !, fit-il autant en guise de mise en garde que d'explication tout en réprimant une grimace de dégoût à ses dernières paroles. La jeune femme de toute évidence perplexe haussa un sourcil interrogateur avant de demander perdue : "Qui touche qui?"
Mais Cathy, qui d'autre ?! Dire qu'elle est partie en Provence pour rejoindre la Memento.... lui répondit Armand du tac au tac, serrant les dents tout en continuant son laïus. Ce rat ne pense qu'a coucher avec toutes les donzelles du royaume.. Savoir qu'elle a pu tomber dans ses filets me dépasse... Il n'a rien pour lui à part de belles paroles...
Et alors, tu t'intéresses à ses couch'ries maintenant?, se contenta de répondre le belle en avalant un nouveau grain de raisin. Et puis pourquoi ça t'met dans cet état que c'te personne ait du succès, et elle fait c'qu'elle veut, elle est adulte nan....

Semblant tout à coup se rendre compte de la jeune voleuse ne comprenait rien a son désarroi, le blond la regarda d'un air mauvais dans un haussement d'épaules et décida d'éclairer sa lanterne. Je parle de Théognis ! Celui là même qui veut la tête d'Eikorc.. Quel gredin... Cette raclure...

S'en suivit alors une longue discussion pour le moins houleuse entre les deux amants. La belle se faisant l'avocat du diable, ayant bien du mal à comprendre l'énervement de son compagnon face à ce qui semblait être une simple histoire de coucherie. Elle est adulte, elle a fait ses choix, t'as pas à être paternel avec elle... A moins que tu m'aies pas dit tout c'qui vous liait... fit-elle soudainement énervée à son tour. Jalouse la Adye? Quelle idée, pas du tout! Armand quant à lui ne décolérait pas. Il tournait dans la chambre comme un lion en cage marmonnant entre ses dents. Comment avait-elle pu tomber sous le joug du d'Arquian, ce séducteur de première, ce fourbe qui avait demandé la tête de son chef. Non, le blond ne comprenait pas ce qui avait bien pu conduire la belle à une telle absurdité. Et tandis que sa brune tachait de comprendre, une idée vînt germer dans son esprit tortueux.

T'vas pas aller là bas pour la chercher alors qu'c'est même pas c'qu'elle veut! T'es complèt'ment débile! s'écria tout à coup Adye comprenant soudain les sombres desseins inconscients du jeune homme. La discussion s'orienta alors vers une tentative désespérée de la belle de raisonner le blond. Aller dans le camp même de la Memento, partir seul sur les routes pour plusieurs jours de chevauchée et finir sur un enlèvement... Il était surement devenu suicidaire. Mais Armand ne démordait pas de son projet et plus la brune tentait de le convaincre de renoncer, plus il s'obstinait... L'affaire fut finalement décidée, il partait la chercher! Et c'est excédé par l'attitude d'Adye que le jeune zokoïste tourna les talons laissant derrière lui une Adye toute aussi énervée que lui... Direction la Provence.


[Quatre jours plus tard, Arles]

Le jeune homme avait chevauché de nuit. Les routes n'étaient pas sur et bien qu'armé un homme seul représentait une cible idéale pour les nombreux marauds trainant leurs guêtres sur les chemins en quête de la bonne affaire. Heureusement, aucun brigand de jeta son dévolu sur sa personne et c'est tranquillement qu'il atteignit Nîmes, profitant de ses journées pour se reposer terré au fond d'une chambre d'auberge minable. Le passage de frontière avait été plus délicat en raison de la guerre ravageant la Provence et le blond dut ainsi mettre tous ses talents de "furtif" en exergue pour parvenir à son but : Arles enfin!

Arrivé à l'aube dans la ville, sa journée passa à la recherche de sa proie. Emmitouflé dans une longue cape à capuche de couleur sombre, le jeune zokoïste se posa en taverne à l'abri des regards. Il ne restait plus qu'à attendre. La belle n'avait aucune raison de se montrer méfiante après tout et Armand gageait qu'elle ne tarderait pas à se montrer. Et les heures passèrent toute semblables jusqu'à ce qu'en fin d'après-midi, la porte s'ouvrit pour lui donner raison. Elle était là...

La colère avait à présent laissé place a une froide détermination dans le regard du jeune homme. Il était bien trop tard pour faire machine arrière et il se devait de sortir celle qu'il considérait comme une amie autant des griffes de son amant improbable que de cette guerre. La belle n'avait sa place ni dans l'une ni dans l'autre aux yeux du blond qui ne comprenait même pas comment cette mairesse appréciée de tous et qui, en dépits de la réputation controversée des zokoïstes avait pris fait et cause pour eux, pouvait à présent se retrouver dans pareille situation... Erreur de jugement, manipulations et mensonges étaient sans nul doute à l'origine de cette mélasse abjecte. Comment pourrait-il se battre contre elle dans quelques semaines? Serait-elle même encore en vie?

Énumérant une fois de plus mentalement les nombreuses raisons qui l'avaient conduit ici comme pour se donner convaincre lui-même du bien fondé de ses actes, Armand oublia "étonnamment" l'autre raison qui le poussait à agir ainsi. Théognis... frapper au cœur de cette crapule, lui enlever sa conquête actuelle à son nez à sa barbe lui qui avait toutes les femmes, lui qui avait si bonne réputation auprès de la gente féminine, lui qui le surpassait après des belles... Non, décidément Armand le détestait bien qu'il n'accepterait jamais d'en admettre la raison.

Et c'est ainsi qu'il profita de la fin d'après-midi pour suivre la belle, attendant dans l'ombre le moment propice pour agir, attendant qu'elle soit seule enfin. Et l'occasion se présenta enfin peu avant la tombée de la nuit. Un bain, dans l'eau encore glacée de la jeté du port d'Arles.

Un sourire au bord des lèvres le jeune homme la regarda presqu'amusé de la situation.. s'il savait ce prétentieux.... mais il ne savait rien, il n'était pas là. Perdu dans ses pensées toutes tournées vers le d'Arquian, le jeune Armand en oublia presque de surveiller cathy qui déjà était remontée sur la jeté et se rhabillait. Il était temps d'agir. Avançant alors discrètement profitant des coins sombres pour se rapprocher, le blond vînt se placer dans le dos de la belle toujours son sourire narquois aux lèvres et lui murmura suavement : hum... quelle jolie vue...

La jeune femme sursauta alors, le faisant sourire d'avantage puis se retourna alors que des mèches étaient encore collées sur son visage lui donnant un air sauvageon. Qui êtes vous ? lança t-elle inquiète tentant de reconnaitre l'homme.... toi? finit-elle pas ajouter surprise le reconnaissant enfin.

N'ayant pas une seconde à perdre, Armand mit fin à sa plaisanterie et sortie le vélin de sa poche : Après avoir lu ça tu pensais vraiment que j'allais me tourner les pouces? C'est quoi toutes ces conneries? fit-il en guise de salutation, la colère revenant d'un coup taper ses tempes. La jeune femme le toisa, un éclat de fierté dans les yeux. Je vis ma vie et je la vis comme je l'entends, lui répondit-elle un soupçon de défis dans la voix. S'en était déjà trop pour le jeune mercenaire qui grinça des dents. l'endroit n'était pas propice aux règlements de comptes mais tant pi. Avec ce connard de théognis? dans une guerre en plus? lança t- il alors au mépris de toute discrétion tandis que dans les yeux de la belle la colère semblait monter à son tour.

Leurs retrouvailles ne faisaient que commencer...

[Et la néréide devient harpie]

Quelques jours plus tard, toujours à Arles ... Un jour banal comme un autre, du moins en apparence, le petit train train quotidien. Rituel devenu perpétuel, les rondes, la participation à la vie du campement, ses moments intimes ... Mais ces derniers sont devenus de plus en plus solitaires. Il s'est éloigné d'elle depuis cette fameuse prise de bec. Enfin surtout depuis la réconciliation qui avait suivi ... Lui en avait elle trop dit, avait-elle fait trop transparaitre ses sentiments qu'elle voulait secrets ... Peut-être, peut-être pas ... Peu importe. Il n'était pas loin, elle pouvait veiller sur lui, c'était le principal, le reste n'étant que superflu ou, selon le cas, un extra loin d'être négligeable ... Tout comme leur partage des fruits issus de la cueillette, lors de la journée quartier libre. Un partage bien à eux, plein de malice, allié à la coquinerie du Baron. Court instant qui n'avait pas été plus loin que quelques gestes, mais suffisant pour que la belle se dise que tout allait bien ... Puis de nouveau, le vide, la solitude, les doutes quand à cette guerre, quand aux choix qu'elle avait fait. Ne pas regarder en arrière, ne jamais regretter ce que l'on fait.

Vient alors son moment quotidien, celui où elle se ressource dans les bras hydriques de l'élément aquatique ... Se laisser porter, s'oublier dans cet élément, source de vie, source de plaisir, le sien, se sentir revivre et renaître.
Comme chaque jour, elle rejoint la jetée du port d'Arles, elle s'effeuille sans se soucier des regards qui pourraient parcourir son corps marqué, sa fine peau diaphane, striée de ces affreuses cicatrises, marques indélébiles de son malheur et de sa malédiction. Lentement elle s'avance et son corps s'enfonce dans la masse liquide, tournée vers l'horizon où le bleu profond de la mer rejoint l'azur du ciel sur fond de soleil d'hiver en cette fin d'après-midi. L'eau glacée refroidie sa peau brûlant de fièvre, cette fièvre de la passion irraisonnée, elle disparait dans les vaguelette qui viennent lécher la jetée, formant une petite écume blanche.
La belle naïade reprend des forces, se régénère, plonge, ondule et glisse sous l'eau. Ballet lascif d'une sirène, qui s'amuse et se joue des vagues. Quand elle commence à se sentir transie de froid, elle regagne le bord, sortant de l'eau à la manière d'une princesse, d'un joyaux que l'on sort de son écrin. Les fines gouttelettes d'eau salée, qu'irise les doux rayon du soleil déclinant à l'horizon.
Consciencieusement, elle se sèche et commence à renfiler ses vêtements secs.

Elle sursaute quand on l'interpelle : Hum... Quelle jolie vue...
Elle ne le reconnait pas de suite, encapuchonné et emballé dans sa cape, elle plisse les yeux pour tenter de dessiner les traits flous. Mais cette voix ... Elle la connait, assez familière ... C'est Armand ! Mais bon dieu que fait-il ici ? Passé l'effet de surprise, il monte de suite au créneau, vélin en main, sa tête des mauvais jours et ce ton qui ne plait guerre à la brune belle. Elle piquée au vif, qu'il ait le culot de venir ici, relève la tête d'un air de défi et lui signifie bien qu'il n'a pas son mot à dire.
Elle est grande après tout, elle faisait ce qu'elle voulait ! La réaction du blond ne se fait pas attendre et hausse le ton. Son sang à elle ne fait qu'un tour, bouillonnant dans ses veines. Elle se mord l'intérieur de la joue pour se contenir. Comment ose-t'il l'insulter ?! Lui par ses paroles, elle par sa simple présence ici.
Elle le fixe, ses azurs flamboyant de colère, elle serre les mains, faisant blanchir les jointures de ses doigts, ses ongles s'enfonçant dans la chair de ses paumes.

Déjà tu vas me parler sur un autre ton ! Ensuite, je suis assez grande pour savoir ce que je fais, tu n'as pas à me dicter ma conduite !

Il grogne, sa voie montant encore d'un ton pour l'invectiver.

Te dicter ta conduite? Et tu vas faire quoi aller te battre contre Eikorc pour un coureur de jupon?

Sa colère monte encore d'un cran, les azurs se noircissent d'une rage incontrôlable, les flammes dans ses yeux s'embrasent, dansent ... Fureur, proche de la folie passagère alors qu'il la reprend sur son choix de vie. Les mots claquent comme le bruit d'un fouet.

J'ai une promesse à tenir, peu importe ce qu'il m'en coûte !

C'est hors de question Cathy!

La guerre est déclarée, chacun campé sur ses positions et sans aucune intention de revenir dessus. Son regard colérique de détache de lui, le corps crispé elle s'avance pour récupérer le reste de ses affaire, passant à ses côtés, elle lui siffle sur un ton cinglant : Fous moi la paix !

Il l'attrape par le bras, serrant son bras comme dans un étau, la brune fait volte face et de son autre bras, arme sa main qui vient s'abattre froidement sur sa joue, y laissant la trace rouge de ses doigts.

Tu me lâches !!!!

Elle le fusille du regard, lire lui déformant les traits, les prunelles totalement consumées par l'incendie de son courroux.
Douce et calme brune, devenue furie.

[Bourgogne, Joinville, [ Le passé rejoint le présent… ]


Vidame avait été fortement troublé par cette rencontre. Il ne l'avait plus vue depuis l’Artois. Celle qui lui avait brisé le cœur à tout jamais. Si l’on en croyait ce qu’avait dit La_Chipie, Lys était sa cousine, mais bien plus que cela encore pour lui. Il s'y était tout de même rendu pour retrouver sa sœur Adye, Le destin les avaient fait se retrouver sur cette terre où leur mère avait disparu. Et aussi pour enterrer la hache de guerre avec elle en Bourgogne. Elle avait fait son choix, il ne lui restait qu'à le respecter et à l'oublier. Nulle trace de Lys dans les parages d’Adye en Bourgogne. Elle avait tracé sur les chemins s’éloignant de lui.

Il avait essayé lui aussi, à travers des voyages, des aventures sans lendemain, des servantes lutinées dans leur chambrette ou dans une grange. Sans sentiment, juste pour un soulagement physique. Se sentir un homme, sentir qu'il plaisait malgré tout et que malgré sa jeunesse, il avait du charme pour les jeunes dames et les plus expérimentées aussi, se faisant amant de passage de femmes mariées et délaissées de ces nobliaux ne pensant qu’à leur politique. Elle lui avait préféré la liberté. Il ne comprenait pas. Il avait besoin de savoir ce qu'elle lui avait trouvé à cette liberté pour refuser d’en jouir ensemble. Etait-ce pour ne plus le voir ? Ses lieux insolites ? Ne pas se sentir comme un oiseau en cage ? Leur soit disant parenté…Vidame cherchait toujours et encore. Il n'était que fils d’une tornade comme disait jadis sa mère, deux courants d’air qui arpentaient le royaume tantôt bise ou s’élevant en bourrasque… mais il voulait faire ses preuves sans proclamer le nom de Salar à tout va. Mais elle n'avait rien voulu savoir. Elle l'avait jugé cousin et condamné à ne plus l’apercevoir.

Il était resté en Bourgogne après le départ d’Adye, se promettant l’un et l’autre de se rejoindre prochainement, la laissant faire route auprès de son compagnon Armand, le regard songeur en les observant tout les deux…. Et puis le départ de Joinville pour visiter ce duché, ayant fait des belles rencontres en route. La Bourgogne est un duché assez captivant et très agréable. C'est là qu'il avait rencontré une Dauphinoise, qu'il avait aidé. Elle était frêle et fragile, de jolies formes pour ne rien gâcher, elle avait touché son cœur, lui qui s'était promis de ne plus jamais aimer. Elle était douce, agréable. Il était arrivé à Dié heureux, avec des souvenirs agréables de son voyage. Il se promenait dans les rues de la ville en se disant qu'il pourrait peut-être s’y installer. Son regard neuf lui faisait redécouvrir une ville qu'il ne connaissait pas…

Et puis un jour, une aube qui aurait put être comme les autres…calme… sereine… finalement fade...il avait repris la route, laissant simplement un mot d'adieu sur l’oreiller encore tiède de son amante…Sa monture arpentait les collines, une brume matinale les enveloppait…Et puis… Il l'avait vue par le plus grand des hasards, mais le trouble qu'il en avait ressenti ne l'était pas. Il s'était ainsi aperçu que les sentiments qu'il croyait oubliés pouvaient refaire surface à tout moment. L’aigle noir…Le trouble qu'il en avait ressenti était intense. Qu'allait-il faire désormais ? Suivre son vol…. Même s’il n'y avait aucune issue possible. Elle avait fuit…pour un motif puéril, parce qu’ils étaient cousins de cœur et non pas de sang…. Il n'était pas disposé à briser la famille. Derrière leur amour, il y avait deux familles qu'il ne fallait pas déshonorer... son Oncle et la mère de Lys... elle n’avait plus de père comme il n’avait plus de mère. Et puis Il y avait Adye qui avait toute confiance en lui. Il ne voulait décevoir personne. Surtout pas sa famille.

Il s'inquiétait pour elle, néanmoins. Malgré cet amour qu'il devait taire, qu'il savait oublier en ne la voyant plus, il voulait s'assurer qu'elle allait bien. Il aurait tout donné pour retrouver sa Lys. Celle qui lui mettait les nerfs à vif, mais qu'il aimait ainsi. Il avait vue l’aigle noir tournoyer autour d’une forteresse ... et c’est un sourire en coin qui s’étira au coin des lèvres quand il reconnu l’écu de Mémento aux portes qui se dessinaient devant lui… Tandis que sa monture s’en approchait, qu’il découvrit la fine silhouette juché sur un étalon. Reprendre le chemin de cet endroit lui rappelait de nombreux souvenirs. Les souvenirs de son premier amour. De ceux que l'on n'oublie pas.

Devant les lourdes portes, il arrêta sa monture prés de la sienne tandis qu’il salut son oncle d’un signe de tête respectueux, oncle dont il avait reçue des nouvelles il y a peu… regard évaluateur et avisé sur le soldat en retrait. Et puis...Visage qui pivote pour que les émeraudes se fixent tendrement sur la brunette tandis qu’il pose pieds au sol pour venir tendre sa main vers la cavalière et de poser l’autre sur sa hanche si bien dessinée pour l’en faire descendre… Des minutes qui comptent comme des heures, des heures aussi longues que des journées… temps en suspens…

[Languedoc, [ Réunies]

Un monastère, l’aube, une simple couche, un œil qui s’entrouvre tandis que ses mains viennent lui masser le visage…tête dans le bocal comme une impression d’avoir trop dormi. Le corps du jeune voleur s’étire tandis que la main tâtonne à ses côtés pour toucher le vide et qu’une grimace naît sur son visage balafré, ce ne sera pas un réveil comme il les apprécie…Alors la main rejoint son antre braies pour y détendre le tissus tandis qu’il s’étire de nouveau… Un soupire se fait entendre pour ensuite y faire rouler son corps sur le côté et de s’assoir avant de se lever…formalités faites pour sortir du monastère lugubre…


La porte est passée et la main se porte en visière tandis qu’un moine le rattrape pour lui remettre les lettres parvenues durant sa retraite. Un œil s’ouvre un peu plus que l’autre pour se faire à la luminosité extérieur tandis qu’il fait défiler les vélins sous son fin odorat… divers parfums, certains de femmes, d’autres puants et puis une… A la lecture du titre, l’écriture est reconnue et le sourire en coin qui naît en dit long… Adye. Les autres sont rangés à l’intérieur de son mantel, bien sûr aucune nouvelle de Lys. Alors, celle de sa sœur en main, il flâne dans ce village du sud du Royaume. Ouais ça a beau être Adye, avant de s’en délecter, il prend le chemin de la première taverne pour s’en jeter quelques uns…unes… ? Des fois que…

Assis dans le coin d’une taverne, les bottes posées sur une chaise à côté, le jeune voleur charme une jolie dame qui se dispute avec son conjoint apparemment, celui-ci est de dos tandis qu’elle l’observe tremper son index dans le liquide ambré de son verre pour le suçoter. Le regard de la jeune dame s’ancre au sien… le bonhomme parle à présent tout seul jusqu'à ce qu’il se retourne brusquement pour lui adresser un regard furieux auquel vidame répond en levant les mains de chaque côté…genre j’ai rien fait…encore…Manipulateur à ses heures…


Hey!! Tu veux que je t’aide à reluquer ma dame ?


J’vous apprends même Sir … Celle-ci en a tel’ment b’soin ! Sans les cris se s’rai mieux…quoique…


Devant l’air provocateur du jeune voleur celui-ci se retourne et se désintéresse de lui…clin d’œil qui claque en direction de la Dame… Un soupire à nouveau alors qu’ils les laissent à leur joute verbale. Il est maintenant assez réveillé pour entamer la lecture de la lettre de sa sœur, celle-ci est simple, légère…trop même pour qu’il ne décèle pas une nuance d’inquiétude. Les mots défilent, ainsi c’est donc vrai, le Baron à aboyer de loin et son oncle le soutient, Vidame n’a pas eu bonne impression de cette homme à Joinville, nul affinité entre eux et puis surtout cet air arrogant alors que sa sœur et lui essayaient de se retrouver. L’inspiration est prise pour qu’ensuite la plume et le vélin soient saisis, provocateur encore. Il ne mâche pas ses mots pour affirmer qu’il ne sera pas contre son propre sang.

Le velin est légèrement balancer, que l’ancre sèche, pour être ensuite enroulé et de chopper un corbac en sortant de la taverne pour lui envoyer tandis qu’il prend route sur le champ….

Il y a des jours où l'on ferait mieux de rester coucher!

Elle va commettre un meurtre! Si elle n'a encore jamais tué de sang froid, très possible que ça arrive sous peu. Et pour changer, la victime sera un blond. Ya que lui pour la mettre dans cet état. Ya que lui pour être aussi con aussi. Mais alors il peut atteindre des sommets de blonditude celui-là!
Sa dernière trouvaille? Aller se jeter dans la gueule du loup, pour ramener une... amie contre son gré! Les dangers et tout le tralala? Oh bah parce qu'il s'appelle Armand, on va le laisser passer, bien sûr. Après tout il est ZE Armand, le grand, le beau, l'unique! Donc aucun soucis, on lui laissera le champs libre pour tout ce qu'il veut faire! Et en lui sortant le tapis rouge tant qu'à faire!

La brunette enrage. Comment fait-il pour trouver un moyen de la mettre encore plus en rogne comme jamais elle ne l'a été! Attiser sa jalousie, raconter n'importe quoi aux autres, expliquer que c'est de sa faute qu'un coup sur les routes a été loupé, prétexter qu'elle danse comme une débile devant des futurs victimes pour détourner leur attention, mettre sur son dos des actions ratées, arriver avec une journée de retard à un rendez-vous, et maintenant partir sur un coup de tête après avoir fait montre à sa compagne une jalousie incroyable envers une "amie" qui coucherait avec une raclure.
Nan mais comment elle fait pour supporter tout ça?!

Voilà où en sont les pensées de la voleuse quelques heures après que le blond ait quitté la chambre en claquant la porte derrière lui. Si lui était en colère, elle, était furieuse. "Casse toi! qu'elle lui avait lancé à la figure. Vas la retrouver avant qu'elle tombe amoureuse de ce chien! Et fais toi tuer par les armées par la même occasion!"

Il n'avait pas cherché à répliquer. Et quelques secondes après les phrases assassines, la brune s'était retrouvée seule dans la chambre, les poings serrés de rage, à le maudire autant qu'elle le pouvait.
Les minutes, et les heures avaient passé. Armand était parti. Euzède ne se trouvait plus dans l'écurie. Seule Nuit était présente, quand Adye alla voir. Et s'il se faisait vraiment tuer...? D'un coup la rage avait fait place à l'inquiétude. Mais de repenser à la raison pour laquelle il était parti, enlever une "amie" des bras de Theognis, avait balayé aussitôt cette sourde angoisse. Jalousie. Elle est jalouse qu'il soit jaloux. Cercle vicieux. Et assez loin d'imaginer le pourquoi de la jalousie du blond. Elle s'en fiche d'ailleurs. Il risque sa vie pour une autre femme, c'est tout ce qu'elle voit.
Poing qui vient s'abattre sur le côté du box de la jument, la douleur venant estomper durant quelques secondes ce sentiment de rage. Quelques secondes seulement.
Les azurs fixent un point invisible, puis se posent sur Nuit. Très vite elle prépare sa monture pour une cavalcade nocturne, et très peu de temps après on peut voir une silhouette encapuchonnée montée sur un destrier aussi sombre que le ciel de cette fin de soirée, filer tel le vent.
Besoin de changer d'air. Pas le retrouver, ça non, sa fierté l'en empêche, et si il veut rester en vie, vaut mieux pas qu'elle le retrouve de suite. Non, se changer les idées, chasser ce sentiment de haine mêlé à l'angoisse d'apprendre qu'il a trouvé la mort sur la route menant à la Memento.
Nuit file à travers champs, le paysage défilant autour de la monture et de sa cavalière sans que celle-ci ne s'en rende compte. Les mains serrent la bride plus qu'il ne le faut, les azurs sont perdus dans le néant, les mâchoires serrées. Pendant des heures il en est ainsi, jusqu'à ce que la jument ralentisse. Adye cligne des yeux, revenant à la réalité.
Nuit a mené la jeune fille à l'endroit où elle l'avait conduite l'avant-veille, mais la voleuse ne s'en rend même pas compte.
Elle descend de la monture, fait quelques pas, puis demi-tour. Le front est posé contre celui de l'animal. Les yeux se ferment, elle se calme doucement.

Fais attention à toi Armand... Ne meurs pas...

Quelle idiote... Malgré tout, elle tient à lui comme à la prunelle de ses yeux. Même si cela ne l'empêchera pas de lui passer un savon monumental quand il reviendra. Si il revient vivant...

La jeune fille se redresse et flatte l'encolure de la jument. Il faut qu'elle se reprenne. Un coup d'œil est jeté à l'astre lunaire, haut dans le ciel. Il doit se faire très tard. Pourquoi ne pas rentrer. Mais alors que la brune va pour remonter sur le dos de l'animal, du bruit derrière elle se fait entendre. Elle tourne la tête pour voir un homme, seul, avancer vers elle.
Et si... Bah pourquoi pas. Et ça lui changera les idées. Et l'échec de la dernière fois lui est resté en travers de la gorge.

Et voilà donc une Adye avec quelques cinquante écus de plus dans la bourse. Même pas eu besoin de se battre, l'homme semblait vouloir éviter toute confrontation avec la voleuse. Chose qui étonna la belle, il lui demande une corde pour se pendre, n'ayant plus de quoi se payer de la boisson. Après un petit moment d'hésitation, la brunette coute un petit morceau d'une dizaine de centimètre de celle qu'elle garde toujours sur elle, ou dans les fontes posées sur sa monture, et le lui lance. Elle a répondu à son appel, et avec cela, il lui sera difficile de couper court à sa vie. Aucune mort sur la conscience.
Après un bref salut, elle retrouve Nuit, et repart pour Lodève.

Des nouvelles

De retour dans la petite maisonnette qu'ils avaient trouvé le temps de rester à Lodève.
Le soleil est levé depuis quelques heures, et les rues commencent à grouiller de monde. Nuit retrouve sa place dans l'écurie, et la brunette s'enferme chez elle. Comptage d'écus gagnés cette nuit -on se refait pas- quand du mouvement à la fenêtre attire son attention. Elle redresse la tête et va ouvrir au corbeau express. Un corbeau... Si c'est pas son frère ça... Ils ont les mêmes piafs pour envoyer leurs courriers.
Le temps d'un instant le présent est oublié, autre inquiétude qui refait surface. Va-t-il lui apprendre qu'il combat au côté de leur oncle? Petit soupir et les doigts fins déplient le parchemin.

Citation :

'jour soeurette,

Qu'est que j'deviens... ben j'sors d'chez les moines, j'te rassure, j'ai pas r'joins Namay.

Je t'écris d'puis une taverne d'Alais, j'suis donc a trois jours de marche de ton p'tit minois...
D'ailleurs en parlant d'taverne j'entends parler de ci de là de ce fameux pleutre qu'est auprès d'notre oncle.
J'dis pleutre parcqu'il crit d'loin, moi j'aime pas crier j'préfère faire la surprise d'mon arrivée, les gueulards sont ceux qu'en font l'moins, sont pas méchant c'comme les clébards peureux ça aboie d'loin mais ça mors pas.

J'sais très bien qui est c'bonhomme que j'ai rencontré a Joinville en même temps que je t'ai r'trouvée.
Qu'est ce que j'ai pas aimé sa tronche et son air imbu et moqueur sachant l'nom d'notre mère.

Un homme qui se joins a notre oncle alors qu'il ne respect pas la mémoire d'notre mère , rien qu'pour ça, j'le pass'rai bien sous ma lame, mais sans crier juste j'arrive j'le tranche... As t'il un honneur notre oncle pour s'allier a une homme qui ne respect pas la mémoire de sa soeur...

En fin bref, j'arrive j'espère que ça va t'faire plaisir d'voir ma trogne.

Bise princesse

Ton frangin
V.

Sourire qui apparait enfin sur les lèvres framboise. Malgré tout, ya une bonne nouvelle qui se pointe! Non, deux! Il n'est pas auprès de leur oncle, et il la rejoint! Alais... Ce n'est qu'à trois jours de Lodève, dans peu de temps elle revoit son frangin.
Après, de savoir si il va les accompagner jusqu'en Bourgogne, ça elle verra en temps voulu. Pas envie qu'il s'fasse charcuter, le frérot. Mais ça c'est une autre histoire.

[Arles, le soir de l'arrivée d'Armand]

Une vive brûlure embrasa soudain la joue d’Armand qui se teinta aussitôt d’une couleur rosée. Celui-ci posa un regard surpris sur la jeune femme tout en portant une main à sa joue meurtrie qu’il massa doucement pour faire disparaitre la douleur. La belle avait une sacrée énergie c’était le moins que l’on puisse dire, une vrai lionne. Un sourire vînt s’esquisser sur ses lèvres à cette pensée alors qu’ils se jaugeaient. Visiblement Cathy n’avait aucune intention de le suivre et le regard noir qu’elle lui lançait suffisait en disait long sur ses pensées. Mais qu’importe, le blond à cet instant précis d’avait que faire des volontés de sa futur victime. Persuadé d’agir au plus juste, occultant complètement les mises en garde d’Adye , Armand demeurait bien décidée à sortir son amie des griffes de Théognis et de la Memento.

Laissant passer encore quelques secondes durant lesquelles il recula d’un pas tout en levant les mains signifiant à la brune qu’il ne la toucherait pas, Armand tenta de désamorcer la situation. L’endroit était public et la ville infestée des cloportes de la Memento, pas le moment en somme de se faire remarquer. Et puis, un sourire goguenard vînt se peindre sur la trogne du blond : « On va pas se battre » lui dit-il alors doucement. Mais à peine eut-il finit sa phrase que déjà le pommeau de sa dague venait s’abattre avec force sur la tempe de la jeune femme. Fourbe, il avait profité du moment de latence pour se saisir de l’arme planquée dans son dos.

Cathy, à défaut de voir partir le coup, n’eut pas le temps de s’en protéger et c’est de tout son poids qu’elle s’écroula alors dans les bras du mercenaire qui aurait surement appréciait la « magie » du moment en d’autres circonstances. Mais ce soir là, à la lueur d’un jour qui finissait de mourir sur l’horizon, le charmeur laissa place au bourreau opérant sa basse besogne. Les azurs devenus froids et calculateurs scrutaient l’horizon méfiant. Leurs reflets métalliques laissaient apparaitre un petit grain de folie dissonant avec la personnalité du voleur zokoïste.

Et ce sont finalement les bras chargés de son précieux butin que le jeune homme rejoint sa monture, lestée pour l’occasion d’une charrette de foin dans laquelle il déposa la jeune femme. Troquant ses habits de vagabonds pour ceux plus commode d’un simple paysan, il prit alors direction d’une ferme abandonnée repérée quelques heures plus tôt où ils trouveraient refuge pour la nuit.

Le lendemain allait être une longue journée… Se faisant passer pour un marchand de fourrage, le blond espérait bien pouvoir passer la frontière sans être inquiété. le paris était risqué certes mais avec son colis quittait Arles semblait plus difficile que d'y rentrer.

[Sur les chemins Bourgogne-Moulins -Elle va comme elle vient ]


Depuis plusieurs jours, elle avait repris ses promenades sur les chemins du Royaume, plus fort qu’elle cette envie d’avancer la nuit a pas de louve ou chevauchant sa monture de couleur sombre. Sunie avait juste prit repos dans une grange sur son chemin, juste après avoir examiné les environs silencieusement, elle avait repéré quelques traces de pas dans la neige anciennement tombé que les nouveaux flocons ne recouvraient pas encore. Puis s’était faufilé a l’intérieur de cette grange, une odeur de foin l’avait envahit… Elle avait scruté en y entrant dans l’obscurité naissante de la nuit, seuls les rayons de la lune traversant quelques planches lui permettaient de s’orienter, trouvant un coin au fond derrière des ballots de paille. Elle avait déroulée sa couverture et s’était enveloppée dans sa cape, fermant les yeux mais restant aux aguets du moindre bruit. Puis plus tard, elle tomba dans un sommeil peuplé de songes, bercée simplement par le souffle régulier de sa monture qu’elle avait rentré à l’abri avec elle.

Au matin, les premiers rayons du soleil firent leur apparition l’un d’eux venant glisser le long de sa frêle silhouette. Réveil avec la gorge sèche, l’estomac dans les talons, se redresse lentement son regard azur épiant l’intérieur de la grange silencieuse…Personne… Même la pucelle n’est pas là après cette fuite dans les forêts Bourguignonne. Anastase as t’elle réussie a s échapper… ? Une grimace déforme légèrement son minois alors que son épaule blessée la fait souffrir, Eriadan paiera un jour d’avoir voulu la kidnapper pour l’emmener de force en son domaine. Buste qui se soulève entièrement alors qu’elle masse ses poignets encor ferrés puis réajuste ses vêtements. Elle essaie d’ôter les brins de paille qui c’étaient glissé dans sa chevelure. Ses pas l’emmène ensuite prés de sa monture qu’embrouille lui avait ramené en même temps qu’une lettre du colosse…alors qu’ensuite il repartait à la recherche de la pucelle. Elle se saisie des brides et sort de cette grange avec précaution, la réverbération de la clarté de la neige l’éblouissant légèrement. Elle pose pied à l'étrier et enfourche son étalon, empoignant fermement et avec souplesse les brides , élançant d’un coup de botte son "Ouzo" comme elle le nommait parfois afin de poursuivre sa route, après avoir tâté sa besace avec un léger sourire espiègle en coin.

Plus tard aux abord de la ville de Moulins, chez elle, la brindille se glissera par la porte arrière du forgerons tant connue pour qu’il lui ôte les fers de ses poignets et que sa blessures a l’épaule soit succinctement soigné. Elle repartira sans apercevoir Arthur pour ne pas l’inquiéter de son état…et surtout pour ne pas raviver la tristesse qu’elle aperçois dans ses yeux a chacun de ses passages a Moulins. Partir pour ne pas le faire souffrir car la brindille c’est rendu compte qu’elle était probablement incapable d’aimer….

[Uzés- Quelques jours plus tard ]

La pucelle avait finit par ce libérer et rejoindre la brindille, pas de question sur la façon de faire … cela dit elle ne disait pas un mots, faisait ‘elle le tronche … ? lui en voulait’ elle pour ce qui c’étais passé en Bourgogne, les geôles…l’enlèvement … ? Villages contournés ces derniers jours alors que sunie lui en posait la question aux abords d’Uzès, elle lui répondit simplement de se concentrer sur la route…. Sunie n’avait jamais aimé passer par les portes de la ville trouvant que l’accueil était souvent peu chaleureux, les voyageurs se présentait bien souvent et étaient tout juste saluer en retour par un hochement de tête de la part des habitants…
Sa monture au pas, elle ne se présente donc pas et avance dans les rues du village que ce début de matinée réveil, certains villageois circulent déjà têtes baissé déjà toute a leur journée de labeur. La brindille se retient de s’marrer en pensant *p’tard ils ont qu’ça dans l’crane, champs, ateliers, chaumières, bobonne, politique…* Bien sûr personne ne cernes Sunie, tout juste dans son propre duché.

Avisant une taverne d’apparence agréable, elle y oriente sa monture, puis se laisse glisser au sol avant de la confier au bon soin du palefrenier de l’étable adjacente, lui donnant les écus nécessaire a en prendre le plus grand soin, c’est que lorsque l’ont parcoure les chemins par ces grand froid avoir sa monture en forme et emplis de soins et d’une grande importance.
Ayant pour baguage comme a l’accoutumé simplement sa besace, elle entre dans ce qui es en fait une auberge, promenant son regard azur sans gène aucune dans l’établissement, elle avise le tavernier, puis le dit d’une voie calme mais ferme n’incitant pas du tout a une réponse.


Olà Tavernier!!!!

Sert moi ton r'pas chaud et s’qui t’sert d'tord boyau,
J’ai b’soin d’me réchauffer l’corps .... Par s’froid qui fait


Sunie n’attends pas la réponse et se dirige au fond de l’auberge vers une table positionné dans une semi obscurité, s’asseyant sur la chaise dos au mur doucement pour ménager sa blessure récente et de pouvoir observer a la dérobé. Restant couverte de sa cape de couleur pourpre sombre et ôtant simplement son capuchon révélant une jeune fille d’une vingtaine d’année, la chevelure noir ébène, le teint légèrement halé par la vie sur les chemins, son regard clair azur scrutant les personnes présentent, si l’ont fait attention a l’expression de son regard on y découvre une lueur d’impatience envers le tavernier qui se presse pas assez a son gout…la faim la tenaillait… et dans ces cas là elle n’était pas vraiment d’humeur…


Un soupire s’échappe de ses lèvres alors qu’elle plonge sa main dans le revers de sa cape pour en sortir une lettre d’Arthur qu’elle a reçue a l’aube… elle a pas eu le courage de lui dire ou plutôt non... les mots qu’elle auraient voulue choisir ne venaient pas, alors elle c’était tu…

Citation :

Mon petit chaton, ma sauvageonne éprise de liberté, mon oisillon tombé du nid...

Prendre la plume pour faire naître des mots ne m'a jamais paru plus difficile. Ces lettres que je trace vont donner corps à ce que nous savons tous deux. J'ai deviné ce que tu n'as pu me dire lors de ta dernière escale à Moulins. Je l'ai lu au fond de tes yeux, là où j'aimais tant à me perdre.

Cette distance là, qui est née entre nous, nous savions qu'elle arriverait un jour, inéluctablement. Parce que nos deux attentes, à un moment, se sont croisées, et que nous savions qu'un jour, nos chemins devraient se séparer. Et cet instant, éphémère et fabuleux, nous l'avons saisi, nous l'avons vécu, et n'avons rien à regretter.

Ta jeunesse et mon âge, tes envies d'aventures et mes aspirations au repos, ta recherche de toi et mon oubli de moi... ont donné lieu à cette rencontre inattendue, et aujourd'hui, nous sépare un peu.

Tu voulais des voyages, et je suis sédentaire. Je n'ai pas su partir, et je m'en excuse. Tant de choses m'ont retenu, alors que tant de choses t'appellent.

Je te l'avais dit. Je ne veux pas te priver de ta liberté. Tu ne veux pas me faire souffrir. Sache que tu ne l'as jamais fait. Mais je sais qu'aujourd'hui, je dois te rendre ta liberté, mon oisillon perdu, parce que tu as besoin d'elle pour trouver ta voie. Parce que notre bout de chemin, qui fut si merveilleux, qui m'apporta bien plus que tout ce que tu pourrais imaginer, arrive à son terme. Que vouloir le forcer serait nous perdre tous deux. Que nous voici à la fin dont nous savions qu'elle arriverait, et que nous avions décidé de ne pas craindre.

Envole toi, petit chaton. Comme je te l'avais dit, mes bras se desserrent afin de ne pas devenir tes chaînes.

Il n'est des mots plus douloureux à écrire, mais je sais, tu sais, que ce sont les mots justes. Qu'il le faut.

Tu resteras toujours mon petit chaton, aux griffes acérées et au regard m'inondant de tendresse. Il y aura toujours une place entre mes bras pour que tu viennes t'y blottir.

Nous nous sommes croisés, et ce fut une de ces rencontres que l'on n'oublie jamais. Nous nous sommes croisés, et nous avons vécu, simplement vécu, les instants comme ils venaient. Nous nous sommes croisés, et je t'ai aimée.

Nous nous sommes croisés et nos regards se sont noyés l'un dans l'autre, et nos coeurs ont trouvé le réconfort dont ils avaient besoin à ce moment.

Nous nous sommes croisés, petit chaton.

Merci pour ce que tu m'as offert. J'espère t'en avoir offert autant.

A bientôt... Prends soin de toi, ma sauvageonne.

Arthur

Les prunelles se referment un instant alors qu’elle assimile les mots qui s’enchainent sur le velin et ceux qui ne se disent pas et qui se révèlent entre les lignes… Alors la brindille ce radoucie quelque peu, apostrophe le tavernier qui vient de lui servir le repas commandé pour lui demander velin... plume et ancrier, qu’il s’empresse de lui apporter, le tord boyau et avaler d’une traite, la gorge brule son corps s’embrase tandis que le liquide continue sa course et qu’elle se penche sur le velin pour y coucher quelques mots… que dire… ? Elle voulait employer des mots rudes non pas pour le blesser mais pour qu’il l’oublie a jamais... et qu’il puisse courtiser a nouveau… c’est la première fois qu’elle prend la peine d’expliquer un départ…Alors la brindille se plonge dans ce qu’elle sait faire de mieux…Sur le fil. Elle cherche la limite, la limite des mots ; être dedans, pas à côté. Et être là, ne pas aller trop loin. Passé l’ambiguïté du verbe et celle du moment, retrouver la verve dans l’instant. Et puis… Et puis se taire. Taire un trop d’espoir désabusé. Etouffer le mot à la racine comme on étouffe le mal. Etouffer le mot-ment et s’en vouloir… de ne pas affronter le passage incertain. Rester debout et attendre…Se laisser envahir par cette maudite peur, puis se laisser envahir par ce qui existe de meilleur… Ou s’effondrer….

Citation :

Arthur…

Que te dire que tu n’as déjà deviné…Il est dans mon regard des choses que je ne dis, alors que tu les devine….il est rare que je prenne la plume, même pour donner des nouvelles… je suis ainsi faites… tu as besoin de d’attention, de présence, de douceur, ce que je suis incapable de t’apporter… il est préférable que je sois loin et reste très loin cette fois… je ne supporte plus d’apercevoir cette de lueur de tristesse dans ton regard lors de mes arrivées ou départ a Moulins car je ne reste jamais longtemps…

Au revoir ou Adieu... le destin seul en décidera…Prends soin de toi…

L'indomptée...Sunie.

Elle ne prit pas la peine de relire … Velin qui s’envolera au loin en Auvergne…L’ombre passe devant la fenêtre alors qu’elle se cale au font de la banquette sur laquelle elle est assise. Elle observe, prunelles azuré qui le détaille et souffle qui ce fait discret. Pensées qui affluent…
Je m’efface, tu m’effaces… S’effacer, pour ne pas perdre la face, s’effacer lentement comme tu m’efface si facilement. J’oblitère un droit de passage, et je passe sur mon droit, comme il convient, à l’endroit. Mon cœur ne demande qu’à s’exprimer, ma raison me presse d’oublier. Oublier, si facile à penser…si dur à Panser… T’effacer n’est pas si aisé…

[Et le rideau tombe ...]

L'air était électrique. La tension montait entre la brune et le blond autrefois amis, mais aujourd'hui ennemis.
Mais de quoi se mêlait-il ? De quel droit pouvait-il juger de Ses choix ? Comment pouvait-il prétendre ce qui était bon pour elle ou pas ?
Elle était épanouie comme rarement elle l'avait été avant. Elle était libre, heureuse, elle ne pouvait rêver mieux. Et lui, il débarque comme ça, pour la juger et lui dire qu'elle est folle de rester avec cet homme aux côtés duquel elle se sent elle même.

Ses azurs n'ont plus rien en commun avec la douceur qui semblait habituellement l'incarner. La belle a bien changé depuis quelques temps. Finalement elle est peut-être ce qu'elle est vraiment, une rageuse, une fougueuse, une femme pleine de hargne, bien loin de la douce et jolie poupée que l'on a formaté durant sa jeunesse. La jeune pousse s'est finalement transformée en dionée. Peut-être l'effet du carmin partagé ...

Le temps semble s'être arrêté après cette claque retentissante, mais le blond et la brune s'affrontent en silence, aucun des deux n'ayant l'intention de céder. Pourtant il recule, levant les mains, ce sourire arrogant aux lèvres qui l'agaçait au plus haut point en cet instant.

On va pas se battre.

Voix fausse et mielleuse, qui donnerait presque la nausée à la brune en cet instant. A peine le temps de rétorquer, il la prend de vitesse et vient écraser le pommeau de sa dague sur son visage. Un bruit sourd dans son crâne, une lueur éblouissante et un cri qui ne franchit pas ses lèvres. Douleur sourde qui lui étreint le crâne, le noir total bien que ses yeux soient encore ouverts et le corps qui se fait poupée de chiffon quand elle s'affaisse dans ses bras.
Un coup net, précis et sans bavure, ne laissant aucune réaction possible. Un envoi au pays des songes sans détour.

Le corps pantelant, elle ne se rendra compte de rien, ne réalisant même pas que ce jeune prétentieux a l'intention de l'emmener loin de la Provence ... Si toutefois, ils en sortent.

Premier acte : Le blond 1 - La brune 0

Mais la partie ne fait que commencer ...

L'heure de rentré, d'aller se réchauffer, peut être en taverne,retrouver le temps d'une soirée quelques compagnons d'arme, et s'enivrer d'eau de feu, jusqu'à ce que les pensées morbides disparaissent, pour libérer la souffrance des souvenirs, la chaleur du cœur, et du corps elle aime a penser que demain sera un jour meilleur, si le lendemain existe....Puis lui faudra bien aussi un de ces soirs penser a donner de ses nouvelles a ceux qui pensent encore a elle, quelque part en l'Auvergne et le Rouergue, des racines fortes de haine et d'amour.

Elle croise Théo va pour le saluer...THEO???THEO......

THEO!!!

Son sang se glace littéralement , elle le sent parcourir son corps pour descendre a ses pieds, lentement les images défilent devant ses yeux, elle revoit Cathy, avec cet homme être amené, celui qu'elle croyait être Théo, elle s'en veut, aurait dû ....

Que se passe-t-il roussette? Pourquoi tu es blanche comme craie?

Elle regarde Théo , en ouvrant la bouche, comment lui dire, quoi lui dire d'ailleurs, elle ne comprend pas ce qui a pu se passer sous ses yeux, si c'était un provençal Cathy ne se serait pas laissé approcher aurait essayé de fuir, finit par répondre .

Cathy..un homme ..la en bas, tombé dans ses bras .parti, rien n'est clair ses mots n'ont pas de sens elle ravale sa salive, souffle un bon coup et reprend.

Théo!!!je viens de voir Cathy la en bas sur la jetée être amenée par un homme je ..j'ai cru que il était toi, je n'ai pas vu son visage, tout s'est passé si vite, il la trainait dans ses bras quand ils s'en sont repartis, Théo!!!!! si ce n'est pas toi c'était qui???bon sang!!!mais réagit!!

[Et le calme avant le tempête ...]

Le noir. Le néant. Le calme. Le silence ... Apaisée ? En apparence ...

La belle est allongée sur un lit de foin et semble endormie. Tableau idyllique si ce n'est un léger détail qui cloche, de celui qui accroche l'oeil et fait se hausser un sourcil interrogateur.
Un filet filet de sang coagulé qui colle l'une de ses mèches brunes sur sa tempe, stigmate de l'altercation entre le blond et la brune.
Esprit déconnecté de la réalité quand dans un rêve, avec cette sensation que le corps flotte, mais là il flotte entre deux eaux. Désagréable sensation tout à coup de mal-être, d'inachevé, de contrainte.
Les paupières frémissent légèrement et l'esprit se reconnecte au monde réel, abandonnant celui des songes. Mais quel retour ... Violent, dans la douleur. Celle d'une douleur sourde qui vous ceint la tête dans un bourdonnement, qui fait un vacarme du diable et vous agresse.

Oh ma tête ...

Une tentative pour ouvrir les yeux, mais rien que cet effort augmente cette terrible souffrance.
Pourquoi a-t'elle si mal ?

Et là, les images de re-défiler devant ses yeux ... Sa baignade comme chaque jour. Et puis le trouble-fait, Armand. Les mots qui fusent et volent, cinglants et blessants. Cette colère contenue qui éclate. Cette gifle magistrale, assénée avec toute l'ire qui la consumait. Et d'un coup, plus rien, l'obscurité ...
Un léger grognement de douleur sous l'effort fait pour ouvrir un oeil, puis l'autre.
Azurs plongés dans la noirceur de la nuit. Un moment d'adaptation avant de capter une légère lueur qui filtre à travers les planches, celle de l'astre lunaire qui éclaire de cette lumière froide et bleutée. Il fait trop sombre, elle ne distingue pas l'endroit.

Faire confiance à ses sens ... Douleur lancinante dont elle doit passer outre pour se concentrer.
Pour commencer l'odorat. Elle hume et ses narines sont assaillis par une odeur à la fois âcre et parfumée, celle du foin. Pas de celui fraichement coupé et séché au soleil, mais celui beaucoup plus ancien où la moisissure a commencé à s'installer.
Ensuite l'ouïe. Un bruit de respiration lointaine, profonde et régulière. Un frémissement de peau et le fouaillement de crins. Un cheval. Une écurie ?

Elle essaie de bouger mais impossible, elle est entravée. Poignets liés et serrés l'un à l'autre. Il a osé l'attacher !
Et le courroux de nouveau refait surface, augmentant d'autant plus cette migraine atroce, qui en retour ne fait qu'exacerber sa colère. Il avait osé ! Osé la frapper, elle !
Un autre grognement plus fort cette fois, celui de la rage qui monte alors qu'elle se débat pour essayer de se libérer de ces entraves.
Ivre de colère elle se met à hurler comme le ferait une bête sauvage enfermée dans une cage.

ARMAND !!!!!!!!!!!!!!!!!! ARMAND !!!!!!!!!!!!!

Détache-moi ! Comment as-tu oser ?! Viens ici et affronte moi ! Tu n'es qu'un lâche !

ARMAND !!!!!!!

[Et quand la rage vous submerge ...]

... Oui quand la rage vous submerge, elle devient haine. Une haine viscérale, un dégoût de l'autre avec ce reflux amer de bile quand la nausée monte.
Sa gorge la brûle et se serre mais elle continue de gueuler comme une forcenée et ce malgré la migraine qui la tenaille. Sa hargne est plus forte que sa souffrance, son aversion est telle pour le blond qu'elle croyait son ami ... La haine est devenue maîtresse de tout, la brune ne réfléchit même plus, aveuglée par cette rage furibonde. Alors quand il débarque et lui aussi hausse le ton, cela ne fait qu'exacerber la répulsion qu'elle a maintenant pour lui.

T’as pas bientôt finit d’hurler ?!

Je gueule et je hurle si je veux ! Alors maintenant tu me détaches !

Elle le sent et l'entend se mouvoir auprès d'elle, elle réalise qu'elle est allongée dans un attelage et qu'il monte à ses côtés. Rien qu'à l'intonation de sa voix, à ce ton faussement mielleux, elle devine ce sourire détestable qui doit étirer ses traits de jeune prétentieux. Et il la nargue, profitant de sa domination sur la belle revêche, ligotée.

Tu sais qu’t’es craquante comme ça ?

*Sale mufle, sale petit con orgueilleux, tu me le paieras ... Sois en sûr que tu me le paieras ...*

Et elle se débat rageusement pour se défaire de cette étreinte, se débarrasser de ces entraves qui l'empêchent de l'étrangler et de le faire taire.

Le repas est prêt et j’ai installé quelques couvertures pour que tu te reposes mais si tu hurles encore comme c’que viens d’entendre, j’te laisse là toute la nuit avec un bâillon…

Ta gueule Armand ! La ferme !

Tu n'es qu'un lâche, un pleutre, un dégonflé. Tu as juste peur que je te foute une rouste. Hein ?! Ca la foutrait mal que tu te prennes une dérouillée par une donzelle.
Tu n'es qu'un p'tit con envieux et jaloux. Oui c'est ça, jaloux parce qu'on ne tombe pas toutes à tes pieds. Mais comment veux-tu ... Regarde toi ... Tu as peur d'une pauvre femme alors tu l'attaches. Tu n'es qu'un vaut-rien ...

Et la voilà de déverser son fiel, aussi vexante que cinglante, peut-importe les conséquences, elle s'en fout éperdument. Ses azurs flamboient d'une rage proche de la folie, elle se redresse et lui crache dessus.

Ta bouffe tu peux te la garder et surtout étouffe toi avec.

[Dans la ferme abandonnée]

Le Jeune homme haussa les épaules en réponse au venin de la brune. Vue sa réaction sur la jetée, il fallait s'y attendre. Il attendit alors le temps qu'il fallut pour que cathy se calme. Elle allait bien finit par se fatiguer à s’époumoner comme elle le faisait. "C'est ça fuit sale rat, tu me dégoûtes et ta couardise encore plus"continua-t-elle alors qu'il s'apprêtait à descendre. Il se retint de tout commentaire au prix d’une grande concentration puis descendit finalement de la charrette pour rentrer de nouveau dans la maisonnée tandis que la captive continuer de fulminer.

Ce n’est que quelques minutes plus tard, aidé de la lumière de son briquet qu’il rejoignit de nouveau la grange où continuait de pester cathy. Armand lui, commençait à fatiguer aussi, il estima qu’il était temps de mettre fin au jeu. Il alluma alors une lampe à huile qu’il posa sur un meuble et monta de nouveau dans la charrette ou la belle était toujours allongée.

J’t'assomme si tu te gesticules trop ! fit-il en guise de menace. Ce n’était pas vraiment le moment pour une bagarre. Même si l’idée pouvait paraitre amusante, l’état de nervosité de la jeune femme l’en dissuada. Tu la fermes maintenant ou tu vas manger ca toute la nuit ! poursuivit-il d’un ton qui ne laisser place à aucune négociation sans pour autant abandonner son sourire.

"Je ne me tairais sûrement pas Armand, qui es-tu pour décider de MA vie, tu n'es rien, rien. Un moins que rien, jaloux et vexé. Va te faire voir." Siffla-t-elle de nouveau. Ton discours devient un peu répétitif ma chère lança-t-il railleur, voilà ce que c’est de trop faire de politique… Tout en parlant, il se saisit des pieds de la captive qu’il entrava d’une corde qui se trouvait près de lui et finit par tirer le jeune femme vers lui jusqu’à pouvoir la regarder dans les yeux sans difficulté. Méfiant il avança alors sa sénestre dans le but évident de la faire taire enfin, tandis que la dextre fouillait dans sa poche de braies à la recherche du bâillon qu’il était parti chercher. Méfiant certes mais pas encore assez et sans qu’il n’ait le temps de réagir les crocs acérées de la belle vinrent se nicher dans la chair de sa main jusqu’au sang.
La vive douleur qui en découla lui fit ôter sa main en toute hâte et, par instinct plus que par vengeance décocha aussitôt de sa main valide d’une gifle puissante à sa prisonnière lâchant un juron au passage. C’est un regard furieux qui y répondit suivit d’un cracha qu’il balaya d’un revers de main sans cacher une grimace de dégout.

Et la belle recommença à hurler : Sale chien t'es vraiment qu'un sous homme pour frapper une femme attachée. Ca te plait hein ? Oh oui je sûre que ça te plait. Tu fais pitié va ... Il n’y avait plus une once de douceur sur le visage de la belle que la colère déformait. Oubliée la sage jeune femme et ses principe, ne subsistait qu'un fauve entravée. Et le blond finit par ne avoir plus que marre. Tachant d’éviter les crocs, la colère faisant taire pour l’instant la douleur de sa main meurtrie, Armand parvînt au prix d’un dur effort à bâillonner la sauvageonne… Enfin un peu de repos… quel calme… C’en était presque jouissif….

Tu comprendras plus tard bella que j’vais ca pour ton bien, fit-il enfin pour avoir le dernier mot autant que pour tacher de lui expliquer son geste fou. Il se décida enfin à la faire sortir de la charrette pour l’amener comme il put jusque dans la maison où il s’excusa de l’entraver encore plus. Il n’aurait bien laissé libre mais la fureur de la belle le rendait plus que méfiant. il l’attacha alors à une chaise daignant tout de même lui donner une couverture, on est gentilhomme ou on ne l’est pas !

Il allait enfin pouvoir se reposer un peu car d’ici quelques heures, il allait falloir songer à reprendre la route avec la furie en seule compagne…. Le voyage allait être long jusqu'à lodève !

[Adieu Provence ...]

Sans même un au revoir ...

Elle n'aurait pas cru quitter cette terre de sang comme cela, oh non pas de cette manière. Elle était venue pour l'y rejoindre, une pure folie, oui. Pour quoi ? Pour rien, juste par envie et aussi par dépit ... Peut-être. Coup de folie et désir de changer de vie ... Ca c'était certain.
Cette vie monotone qu'elle ne supportait plus. Changement de vie pour d'autres horizons, certes obscurs et sans lendemain mais ô combien plaisants. Vivre au jour le jour, vivre par et pour le plaisir et ne plus vivre pour vivre uniquement. Elle avait retrouvé son sourire radieux, celui de sa jeunesse avant tous ces drames, ces coups, ces épreuves qui vous endurcissent. Elle avait réappris les bonheurs simples de la vie et oublié ses principes. Fini les remises en questions, les hésitations face à ses gestes, à se demander si cela doit ou peut se faire, sans risquer le regard des autres.
Oh oui le fameux regard des autres, celui qui vous conditionne, qui dicte votre conduite pour rentrer dans le moule de la bienséance. Il y a bien longtemps que son respect de la bienséance s'est effrité. Il est loin le temps de ses fichus principes, ceux là mêmes qu'elle avait jeté à la face de son "Lion" en refusant de lui céder et de céder à ses propres pulsions.
D'ailleurs où était-il depuis le temps ... Loin, très loin sans doute, elle l'avait déçu et blessé, lui comme tant d'autres. Et tout ça au nom des principes.

Alors maintenant qu'elle vivait librement, maintenant qu'elle avait ouvert les yeux sur sa pitoyable vie qu'avait été la sienne, maintenant qu'elle avait une réelle raison d'exister, un jeune con venait tenter de la remettre dans le "droit chemin". Un comble ...
Elle qui avait pris goût au sang, de Son sang, celui qui la transcendait à chaque étreinte sauvage, à chaque folie charnelle ... A cette pensée, elle frémit et frissonne, imaginant déjà ses mains courir sur sa peau, si sensible ... Mais ce n'est plus qu'un rêve, un rêve lointain, brisé par un jeune blond arrogant.
Elle l'entend, il est là il dort non loin d'elle. Si elle n'était pas attachée à cette fichue chaise, elle l'aurait égorgé et étripé à main nue. Elle le haïssait au plus haut point depuis quelques heures et ce n'était pas près de lui passer.
Impossible de dormir, elle ruminait et fulminait, élaborant des plans pour lui échapper et LE rejoindre.

Il est vrai qu'ils s'étaient éloignés, mais il avait du, malgré tout, remarquer son absence, car elle savait qu'il la surveillait, même de loin. Mais comme de fait, il n'avait pas été là à ce moment là ... S'inquiétait-il réellement pour elle ? Elle en était persuadée. Mais comment pourrait-il la retrouver ? Il ne pouvait sans doute pas deviner ni même envisager qu'Armand était son ravisseur.
Il devait plus penser à un complot provençal en raison des évènements récents, à la mort qu'ils avaient frôlés, à son agression. Il devait donc être évident pour lui que tout ceci était le fait des provençaux et non pas d'un zokoïste ...

Le petit jour se levait et elle avait passé sa nuit à cogiter, incapable de dormir de toute manière, bien trop énervée pour cela. Elle fusilla Armand du regard quand celui-ci se réveilla, refusa toute alimentation, pas même un verre. Plutôt crever ...
Elle le regarda remballer ses menues affaires, détournant la tête quand il osait la regarder. Puis il vint se saisir d'elle et la charger dans l'attelage et c'est au petit matin dans le soleil naissant de la Provence qu'un blond arrachait une brune à un autre blond ...

Adieu Provence ... Theo ...

Et une perle d'eau salée de rouler sur sa joue tuméfiée de la veille, ses azurs se ferment au paysage qui défile, elle s'endort finalement épuisée, au moins elle n'aura pas à supporter ce voyage qu'elle n'a pas souhaité.