Geios blessée

Il arriva en courant, déboulant comme un fou, complètement paniqué, à la recherche de la belle des belles. Elle seule pouvait encore faire quelque chose!

La belle!!! 'fin la belle de ma guerrière quoi!
Au secours la dinde!!!
Geios... Massacre... Morte sûrement...
Mais vite quoi!!!

Mots sans suite, bafouillages, panique totale quoi! Il avait besoin d'elle pour sauver la belle de la belle des belles! Ou un truc comme ça. Il était pas loin pour sûr!
Il était arrivé, il avait réussi! Ou échoué peut-être?

Ho dieux!!!

A bout de force, il sombra brusquement dans l'inconscience, s'étalant aux pieds de la dinde divine de Tototlan.

Secoué par un pied des plus magnifiques, presque divin, il tenta de reprendre ses esprits.
Alors quoi? Il en avait pas assez fait encore?
Exténué, l'esprit en déroute totale, il roula quand-même sur le côté, s'offrant une vue plongeante, quoiqu'inversée, de la belle des belles.

Une armée... Lui sont tombé dessus à quinze!
Dans la charrette... Devant la taverne... Sais pas si elle vit encore.

Il n'avait pas osé regarder en arrivant, trop pressé de trouver du secours, trop angoissé à l'idée que c'en soit fini d'elle.

De l'aide la dinde...

Il était prêt à supplier, mais n'en avait plus la force. La belle était le seul véritable amour de sa p'tite guerrière. Si quelqu'un pouvait la sauver, c'était elle!
Il sombra pour de bon cette fois, lamentablement échoué sur le sol de la tribun. Sans doute serait-il balayé avec les restes du dîner!

Tototlan

Elle était dans le bureau de Pagena, quand elle vit Miluy, ou Myliu, enfin un truc dans le genre, débouler dans la pièce et annoncer le retour de sa Belle, mais assez mal en point, avant de s'effondrer à ses pieds.

Sans plus faire attention au p'tit mâle ancien esclave de Geios, qui semblait rendre son dernier souffle sur le sol de la cahute, après tout Pagena s'occupera bien de lui, la Dinde quitta la pièce pour rejoindre la charrette devant la taverne.
Eeeeuh quelle taverne? Celle dont elle s'occupait étant le plus près, elle s'y rendit, mais ne trouva rien.
Humpf! Direction celle de sa Belle alors. Oui, logique qu'il l'ait emmenée là. Pouvait pas la mettre à l'intérieur nan?

Trouvant enfin l'objet de ses recherches, elle accéléra le pas pour trouver une Geios salement amochée.
Elle pensait bien que sa Belle ne mourrait pas aussi facilement, mais pas une raison pour la laisser sans soin.
Elle ordonna à Traducteur qui la suivait toujours de mener la charrette jusque chez elle, et s'installa à l'arrière, soutenant la jeune femme pour qu'elle ne perde pas plus de sang en se cognant contre les parois.

Un petit sourire s'afficha sur ses lèvres alors que Traducteur et Masseur, qui venait de sortir de la cahute de la Dinde, portaient le corps menu de la guerrière jusque dans la demeure dindesque. C'était elle qu'on était venu chercher! Elle et pas ce satané Satanas! Ca pour sûr, elle saura le lui faire rappeler, à son rival!

Bon, fallait guérir à présent. Petit soucis. La Dinde ne sait absolument pas quoi faire. L'aurait fallu avoir un sorcier dans le clan, mais elle en connait aucun. Et aucun esclave du nom de Soigneur en sa possession. Voilà qui posait un petit problème...

Savez comment qu'on sauve quelqu'un qui est passé sous une armée vous? demanda-t-elle à ses deux esclaves, qui répondirent par un signe négatif de la tête.

Embêtant tout ça, vraiment très embêtant... Ah! Idée! Maya était une guérisseuse, bon, pas à côté, mais elle pouvait toujours lui envoyer quelques signaux de fumée pour lui demander de l'aide. Trop fière de son idée, elle ne pensait même pas que la mini guerrière avait trente six fois le temps de mourir avant qu'elle ne reçoive la réponse de son amie. Envoyant Masseur envoyer le mot à Maya, elle se tourna vers sa Belle allongée sur sa natte. Un air gourmand s'afficha alors sur son visage, tandis qu'elle pensait qu'il allait falloir lui retirer tout ce qu'elle possédait sur elle pour voir l'étendu des dégâts. Virant Traducteur de sa hutte, elle commença à la dévêtir, tout en chantonnant. Elle avait confiance, sa Belle allait pas crever comme ça!

ils étaient revenus vite de Ahuilizapan ,le petit
colibri-esprit de la prétresse lui avait envoyé des
images terribles ...
une mélée indescriptible d'armes ,de corps ,de chair,
de boue ,de sang ,de plumes ,
images incompréhensibles et angoissantes ,que se passait il encore ?
ils avaient couru tout le chemin et étaient arrivés
dans tototlan ....pas de bataille ??????
calme plat !

le mieux était d'aller interroger la dindedivine Ix,
et c'est tout courant que la prétresse ,Alka et Adonis déboulèrent dans la hutte capullesque .



IIIIIIIIIXxXx il se passe quelquechose !!!
euhhh mais c'est Geios !!!!
oh non pas elle !!!!! pas toi !!!!!

Elma se jeta sur son amie ,juste vétue de plaies sanguinolentes ....un léger souffle sortait en sifflant de sa bouche ,


ô Dieux merci !!! elle est vivante!!!!!
vite il faut la laver et la réchauffer !
faire du feu ,
je vais recoudre ces plaies !!!
Ix peux tu envoyer ton esclave au temple chercher
les onguents et les baumes ,les tisanes qui endorment
et les aiguilles en os humain????

Elle était prise dans un brouillard sombre et dense, enveloppée de toute parts, aveuglée, sans repère. Elle ne sentait plus rien, comme si elle n'avait plus de corps, elle avait du mal à penser, comme si son esprit se désagrégeait dans la brume.
Que lui arrivait-il?
Des images de guerre, de sang, des souvenirs de douleurs intenses lui revenaient par bribes. Était-elle donc morte, perdue dans les limbes de l'entre-deux mondes?

Des visages traversaient son esprit, défilant dans un tourbillon de couleurs, réminiscences d'une vie riche en rencontres et en émotions. Elle avait haï parfois, aimé souvent...
Peut-être allait-elle retrouver Ablircotl de l'autre côté, son grand amour perdu qui avait tant emporté d'elle avec lui. Et Fanch, son fidèle ami mort de chagrin qui lui manquait toujours autant, le frère de coeur si improbable, le premier tlaxcaltèque qu'elle eut aimé.
Que cet espoir semblait doux! Il était si facile de se laisser emporter dans l'autre monde, alors qu'il avait été si difficile de vivre. Se laisser emporter, oui...
Elle se demanda si elle manquerait à Joh, à Shawn, à Ado, à Sat, à Miluy, à Fenix, à tous ceux qui avaient marqué sa vie. Puis des images s'imposèrent avec force.

Elma arrachant un cœur sur le champ de bataille, Elma riant ou pleurant, Elma maudissant ou bénissant, Elma pêchant dans un arbre un poisson bien mûr, Elma tuant ou soignant... Ixchella alanguie sur la natte après leurs jeux passionnés, Ixchella tapant du pieds ou corrigeant ses esclaves, Ixchella à la tête du clan ou de la province, Ixchella blessée à mort ou se tenant fièrement devant une armée, Ixchella cognant ou caressant, Ixchella mordant ou embrassant...
Sa belle et sa douce! Sa fidèle compagne et son amie loyale! Celle qu'elle aimait et celle qu'elle considérait comme une soeur!

La honte la gagnait. Comment pouvait-elle se montrer si lâche au point de désirer abandonner la lutte alors qu'elle avait tant de chance de les avoir?
Le brouillard emportait tout, le froid gelait ses pensées, mais elle s'accrocha au souvenir de sa belle, de sa douce. Elle voulait les revoir, entendre de nouveau leurs voix, être auprès d'elles. Pour elles elle se battrait si elle le pouvait encore.