Fais pas ci, fais pas ça

pipelette pétillante Nombre de messages : 2249 Date d'inscription : 13/03/2007

[ Quand la nuit vous empêche de dormir ]

Étendue sur le dos, un drap recouvrant mon bas ventre, j'observe le plafond de notre chambre.
Sommaire, exiguë, une nourriture peu fameuse, la seule chose de correcte ? La propreté de l'établissement, c'est bien pour cette unique raison que j'ai accepté de loger ici. Même après avoir été une mendiante pendant plusieurs mois, je préfère souvent dormir à la belle étoile que dans un lieu à l'hygiène douteuse.

Poussant un long soupire je tourne mon regard vers celui qui est allongé à mes côtés, dormant comme un bienheureux. Lui, rien ne le réveillerait, ou presque. L'air est lourd, même ce bout de drap me donne chaud, heureusement qu'une brise ''fraîche'' entre dans notre chambrée. Caressant mon ventre nu de la main, je tente une énième fois de cherche une solution pour remédier à nos ennuis financiers, c'est cela qui m'empêche de dormir la nuit et qui me rend d'humeur massacrante la journée.
Mon regard saphir fixe de nouveau le plafond mais ce n'est pas en restant allongée sur ce lit que je risque de trouver cette solution, je décide donc d'aller explorer cette ville qu'est Clermont avec la tranquillité, ou pas, que m'offre l'astre lunaire. Quittant la couche, je me dirige vers la chaise où se trouvent mes vêtements de cuir. Mon corps désormais couvert, je quitte la chambrée en silence, comme toujours. C'est la première chose que l'on m'a enseigné lorsque j'ai été formé pour être mercenaire: le silence est notre amie, notre compagne, silencieux nous sommes mais mortellement efficaces... Ce soir, mon épée est restée dans l'auberge, deux poignards la remplace.

Ma tenue noire me permet de me fondre dans le paysage nocturne, préférant les ruelles aux grandes rues, de temps en temps mes pieds quittent le sol pour escalader une façade pour me permettre de me déplacer plus aisément à travers cette ville. Perchée sur une noble demeure, je me laisse à observer ce qui m'entoure, cette ville grouille d'activités même à la nuit tombée. Une brise se lève, caresse mon visage, mes longs cheveux couleur ébène sont ramenés ce soir en une haute queue et liés avec un lien de cuir rouge.
Retrouvant le sol, je m'avance désormais dans une rue bordée par plusieurs tavernes, certaines accueillent des rustres qui viennent boire un mauvais alcool dans un établissement empestant sûrement la crasse et la sueur. D'autres encore accueillent des personnes vêtues noblement, payant sans compter pour tremper ses lèvres et déguster un alcool fin. Les écus que j'ai dérobé à Shératan, il me doit bien cela après tout, tintent dans ma paume, assise tranquillement je pourrais songer à une solution efficace.

Je m'avance sur le seuil de la porte d'une taverne, mes mains se posent sur la porte et la pousse lentement me permettant de me faufiler à l'intérieur. La salle est pleine, le bruit est agréable, un doux bourdonnement de conversations menées à voix basse, l'air est largement respirable.
D'une voix calme je demande au tavernier de quoi me rafraîchir pour ensuite m'installer à une table vide me permettant d'englober de mon regard bleu saphir, l'ensemble de la salle.
On m'apporte ma boisson, du cognac. Alcool fort mais qui se déguste lentement et j'ai besoin d'avoir les idées claires cette nuit car ma solution je dois la trouver ce soir.

Un groupe d'hommes attablé près de moi attire mon attention, riant, buvant, je les ignore rapidement pour replonger dans mes idées lorsque deux mots m'interpellent ''noble'' et ''baron''. Mon oreille se fait plus attentive, mon regard se tourne discrètement vers ce groupe. Visiblement la personne visée est plutôt du genre à ne point se cacher, plutôt à se vanter de sa richesse et de ses conquêtes. Intéressant.
La nuit se poursuit, les discussions continuent mais je ne suis attentive qu'à une seule, tentant de glaner au maximum des informations. Enfin, le groupe qui m'intéresse, et plus particulièrement l'une des personnes qui le compose, décide de quitter la taverne pour aller rejoindre semblerait-il Morphée ou plus douce compagnie... Me levant souplement à mon tour, mon corps fin se glisse entre les groupes et bientôt je me retrouve dehors, à l'air libre qui s'est rafraîchi, quel délice. Tournant mon regard à gauche puis à droite, je repère facilement le groupe qui n'est pas très discret, même à cette heure si tardive de la nuit. Montant sur les toits pour les suivre plus aisément, ma cible quitte ce groupe pour aller dans un quartier de la ville plus aisé. Là tout est silencieux et l'on sent la sécurité qui prospère. Une pensée me vint, mais je la chasse rapidement pour me concentrer sur l'homme que je suit. S'arrêtant devant une demeure, la porte s'ouvre, laissant apparaître une femme ayant l'air plus furax que fatigué, j'entends d'ici ses vociférations qui me font sourire. Mon plan se construit peu à peu dans ma tête mais pour le réaliser il me faudra une aide et je sais où la trouver...

L'auberge est toujours silencieuse et c'est sans bruit que je rejoins notre chambre. Sheratan dort toujours, corps d'Apollon étendu sur ce lit. Il refusera certainement cette idée si je le réveille et lui en parle maintenant. Mon seul recourt est de lui en parler après un moment de tendresse.
Mon lien de cuir gît déjà sur le sol ainsi que la moitié de ma tenue, mes lèvres elles, se posent déjà sur ce corps que je connais si bien, mes mains sont câlines, un mouvement m'informe qu'il est réveillé. Mes saphirs croisent alors ce regard d'émeraude.

Bonsoir mon cher, un moment de douceur et de volupté m'a fait te réveiller, veux-tu bien accéder à ma requête?...

Manipulatrice, moi ? Vous n'avez encore rien vu...

Fais pas ci, fais pas ça Sha-na2-111034d

pipelette pétillante Nombre de messages : 2249 Date d'inscription : 13/03/2007

Ce que je déteste quand je commence à narrer une partie de mes aventures, c'est bien le début. Il faut toujours répéter les mêmes choses, ce qui s'est passé avant cette histoire que vous êtes en train de lire, les personnes rencontrées par le passé, ce qu'il s'est passé avant que je vous narre le présent. Mais puisqu'il le faut...

Mon nom est Sheratan. Jeune aristocrate déchu, ruiné, qui parcourt les routes à la recherche de sa jumelle. Voilà qui je suis, en quelques mots. Je ne suis pas un de ces vauriens que l'on peut croiser sur les routes, même si mon passé est quelque peu douteux. Malheureusement, je n'ai jamais eu de chance. La seule fois où je me suis essayé au banditisme, cela s'est mal terminé. Enfin, j'exagère un peu, cela aurait bien plus mal finir.

Je voyage avec ma muse, la belle et volcanique Shaïna. Une jeune femme anciennement mercenaire qui essaye de gagner comme elle peut l'argent que je m'efforce de ne pas trop dépenser. Je ne suis qu'un homme après tout, tous ceux de mon espèce peuvent très bien comprendre qu'il est difficile d'économiser lorsque l'on se retrouve devant un hostel qui loue des charmes... Surtout quand ces dit-charme sont... charmants. Mais cela ne veut pas dire que je n'aime pas ma muse, bien au contraire. Mais quand on aime à ce point les femmes, il est vraiment trop difficile de s'en passer totalement...

Donc voilà en résumé qui je suis. Je pourrais encore vous parler de nous et de ma sœur que nous recherchons pendant des heures, mais ce n'est pas le moment. Et puis je vais bientôt me réveiller, et j'aurais totalement oublié que j'ai eu cette conversation avec vous. Les rêves permettent bien des choses, n'est-il pas?
Allez... je sens que je me réveil...

Shaïna?

Je me redresse sur le lit, pour voir que la place près de moi est vide. Les yeux encore emplis de sommeil, je passe ma main dans mes cheveux noirs, me demandant vaguement où a bien pu passer ma muse. Mon regard se porte sur la fenêtre entrouverte, et je referme les yeux pour me laisser tomber sur l'oreiller. Shaïna est libre d'aller où elle veut, ce n'est pas moi qui l'empêcherait de se lever en pleine nuit. Je referme les yeux en espérant revoir dans mes songes futurs cette charmante créature. Je ne me souviens pas bien de ses traits, mais dans mes rêves, elles sont toutes charmantes...

Bonsoir mon cher, un moment de douceur et de volupté m'a fait te réveiller, veux-tu bien accéder à ma requête?...

Que voilà un réveil en douceur comme je les aime. Nos regards se croisent, fondent l'un dans l'autre, et ma bouche va chercher la sienne pour répondre sans un mot à sa requête. Mon bras fait le tour de sa taille pour que ma dextre puisse se poser au creux de ses reins, et je la fais basculer doucement par dessus moi, la surplombant alors. La curiosité de savoir où elle est allée et ce qu'elle a fait est là, mais cela attendra bien. Pour le moment, c'est l'heure de la tendresse, pas des interrogatoires...

pipelette pétillante Nombre de messages : 2249 Date d'inscription : 13/03/2007

Une lueur apparaît dans son regard d'émeraude, encore un peu endormi mais je sais qu'il ne va pas tarder à réagir, c'est fou ce que les hommes peuvent réagir rapidement à ce sujet. D'ailleurs sa main explore mon dos tandis que ses lèvres se posent sur les miennes d'abord timidement, rapidement jusqu'à ce que la passion nous envahissent tous les deux. Alors les baisers se font plus longs, plus intenses et je me retrouve rapidement sous cet homme qui me rend souvent folle. Mes ongles tantôt se font sauvages en se plantant dans son dos et tantôt câlins en le carressant... Nos baisers se dispersent vers d'autres endroits tout comme nos mains... La nuit n'est pas finie pour nous deux et de mes lèvres ne s'échappent qu'un mot, un nom, avant de me laisser totalement glisser vers la volupté...

Sheratan...

Ce sont les chauds rayons du soleil qui viennent me tirer du sommeil en réchauffant ma peau et tentant de percer le noir qu'il y a sous mes paupières. Autre chose me tire de mon sommeil, des caresses sur mon dos. Ma tête se soulève difficilement pour se tourner et retombe aussitôt sur son oreiller une fois cela fait. Un léger sourire flotte sur mes lèvres.

Bonjour... Il y a longtemps que tu es réveillé? Quelle heure est-il?

Mes saphirs détaillent son corps ainsi exposé, un sourire plus prononcé s'affiche. Ma main se tend pour se poser sur son torse où mes doigts suivent lentement ses courbes. Me redressant à demi, je dépose mes lèvres sur les siennes, y glissant quelques paroles qui le font sourire. Puis, doucement je retombe sur le lit, l'entraînant avec moi.

[ Vous voulez pas non plus qu'on vous raconte tout non mais! ]

Ma tête est posée sur son torse et aucune de nous deux ne parlent. L'après-midi est désormais entamé et si je veux mettre en place mon plan, il faut que Sheratan soit au courant ce soir pour que nous puissions commencer notre travail. Une grande dose de courage parvint à me faire me redresser, puis à bouger pour enfin me retrouver à califourchon sur lui.

Sheratan, tu ne te demandes pas où j'ai bien pu filer cette nuit ? A voir ton regard je pense que si. Je vais te le dire, j'ai trouvé de quoi nous permettre de vivre à nouveau aisément, à condition que tu ne dilapides pas tout notre argent comme les autres fois c'est compris ou dois-je te rappeler comment cela s'est terminé à chaque fois ? Bien... Cette ville est très peuplée et on y trouve de tout: mendiants, marchands, voleurs, mercenaires, curé, tavernier, filles de joies, matrones... Mais surtout, des nobles.
Je m'explique mon tendre, quittant cette position confortable pour déambuler dans notre chambrée, imagine que tu es noble. Imagine encore que tu as épousé une femme. Imagine encore que, pour échapper à toute cette "misère" que l'on te force à supporter, tu vas régulièrement en taverne avec tes amis où tu te vantes non seulement des richesses que tu possèdes mais également de tes conquêtes en n'oubliant pas de te plaindre régulièrement de celle qui partage ta couche officiellement.
Tu me suis toujours? Imagine encore qu'une jeune femme te séduise et que tu laisses libre court à tes envies... Non stop ne m'interrompt pas. Imagine maintenant que c'est moi cette femme, que le noble je l'ai déjà trouvé et qu'après cela on lui fait cracher ses écus ou l'on révèle tout à son épouse, me suivras-tu sur ce coup? Je le ferais certainement mais sans toi, ce sera beaucoup moins aisé.

Qu'en penses-tu ?

pipelette pétillante Nombre de messages : 2249 Date d'inscription : 13/03/2007

Je suis un dieu. C'est ce que j'aime me dire mentalement lorsque je vois ma compagne tenter de reprendre son souffle, allongée à mes côtés.
Alors que j'essaye moi-même de rendre à mon cœur ses battements réguliers, ma dextre glisse lentement dans la chevelure soyeuse de ma compagne. Je sens qu'elle a envie de me dire quelque chose, mais je la laisse prendre son temps. Je me demande ce qu'elle veut... A-t-elle encore inventé quelque aventures dont elle a le secret?

Ah, voilà, je sens qu'elle se décide. Ses yeux croisent les miens, et nos regards se fondent l'un dans l'autre.

Sheratan, tu ne te demandes pas où j'ai bien pu filer cette nuit ?

Si mais...

Pas le temps de répondre, qu'elle continue sur sa lancée.

...à condition que tu ne dilapides pas tout notre argent comme les autres fois c'est compris ou dois-je te rappeler comment cela s'est terminé à chaque fois ?

Ah mais...

Mais quelle pipelette! Je n'ai même pas le temps de dire un mot! Et puis c'est faux, je ne dilapide pas toujours notre argent! Seulement quand j'en ai besoin...

Blablabla... Mais surtout, des nobles.

La voilà qui se lève. Où veut-elle en venir? Qu'a-t-elle donc en tête?!

"Imagine... imagine... imagine..." Heureusement que j'ai de l'imagination à revendre.

"Tu me suis toujours?"

Hochement de tête de ma part. Si je dis non je me prends une baigne.

"Imagine, imagine... Non stop ne m'interrompt pas."

Pas de soucis bébé, cela ne m'a même pas effleuré l'esprit.

Imagine maintenant que c'est moi cette femme.

Oho, je commence à voir où elle veut en venir. Elle ne pouvait pas le dire dès le début, qu'elle a en tête de faire chanter un noble? Rhaa les femmes, toujours mettre des heures pour dire une chose qui ne prend que quelques minutes!

Qu'en penses-tu ?

J'attends un peu pour voir si vraiment elle attend que je réponde, ou si elle a encore des choses à me dire. Et pendant ce temps, je réfléchis. Faire chanter un noble, c'est moins dangereux que d'enlever des gens. Mais ce n'est quand même pas sans danger. Je sais que ma muse est une ancienne mercenaire, mais il ne lui est jamais arrivé à l'esprit qu'en travaillant honnêtement on peut aussi gagner sa vie? Bon, j'avoue que l'idée de travailler dans un champs ou traire une vache n'est pas pour moi. Ce n'est pas de mon rang. Enfin de mon ancien rang.

Elle me regarde, elle attend ma réponse. Je finis par lâcher un petit soupir.

Je pense que tu as toujours des idées tordues. Mais c'est ce qui fait ton charme bébé, ajoute-je aussitôt avant qu'elle ne m'étrangle. Tu veux un noble dans ton lit, un ancien ne te suffit plus?

Vu le regard qu'elle me lance, je capitule. Qu'est-ce que je peux être faible.

Très bien très bien, on fera comme tu voudras. Mais si on y arrive, je veux une part du magot, que je puisse en faire ce que je veux. Sinon je ne suis pas de la partie. Tu as le nom de cet homme?

Du chantage. Chose que je n'avais encore jamais faite. Ma sœur, ton frère continue à être un vaurien. Quelle famille nous formons tous les deux. Toi la sorcière recherchée par l'inquisition, et moi complice d'une mercenaire aux idées folles. On n'a rien à envier l'un à l'autre...